Obscurité hivernale : temps de renouveau, de passion, et d’intention
L’immersion dans l’obscurité hivernale peut être la meilleure occasion de découvrir
et de nourrir les semences de notre futur.
Appréciation
Il y a quelque chose de profondément existentiel dans les cycles des saisons. Ce sont de
grands maitres qui nous gardent honnêtes et à l’écoute de l’impermanence de la vie telle
que nous la connaissons, tout en offrant l’occasion enivrante de vivre pleinement, un
moment à la fois. C’est peut-être cette inspiration qui a donné naissance aux concerti du
chef d’œuvre de Vivaldi, Les Quatre Saisons.
Ayant grandi sous le soleil du sud de la Californie, puis en passant à des climats plus
froids à l’âge adulte, j’ai eu l’occasion d’apprécier les saisons d’une manière que je
n’aurais jamais connue si j’avais toujours vécu ici au Canada. Le monde dans lequel
j’ai grandi, d’abord dans la région de Los Angeles et ensuite à Rancho Cucamonga,
connaissait trois saisons : le printemps, l’été, et l’automne. L’hiver était plus un
concept qu’une réalité…
Quand je me préparais à déménager en Ohio pour suivre mon programme de doctorat
en psychologie, l’hiver était une notion tellement étrangère que ma famille et mes amis
étaient vraiment anxieux à l’idée de mon déménagement. Cette réponse a été
multipliée par mille lorsqu’ils ont appris que je déménageais au Canada et que je suis
plus tard devenue citoyenne canadienne.
Une drôle d’observation
Rétrospectivement, cela me fait rire, mais les préoccupations de mes proches
m’imaginant vivant dans une région où il y a de vrais hivers avec des journées froides,
sombres, et neigeuses étaient très réelles. Il y a quelque chose dans le froid et
l’obscurité qui suscite naturellement des sentiments de peur et de vulnérabilité. Fait
intéressant, cette réponse n’est pas si différente de la réponse que je reçois
fréquemment lorsque je mentionne aux clients l’idée de méditer — de créer un lieu
intérieur de calme et de découverte, dépourvu des distractions communes de la vie
quotidienne, comme lieu de transformation, de découverte, et de guérison.
Perspective chamanique de l’hiver
Depuis que j’ai lu le livre de Jerome Frank, Persuasion et guérison : Étude comparative
de la psychothérapie alors que j’étudiais à l’Ohio State University, j’ai été curieuse et f
ascinée par des possibilités de guérison qui n’existent habituellement pas en Amérique
du Nord. Donc, en 2001, alors que j’étais confrontée à mes défis de vie les plus difficiles,
j’ai décidé de faire un grand pas en avant pour en apprendre davantage sur les pratiques
de guérison utilisées dans d’autres cultures. Plus particulièrement, je me suis inscrite à
un programme triennal d’avant-garde qui était lancé en tant qu’initiative de collaboration
en santé par le Vancouver Coastal Health et le Langara College, et intitulé Programme de
certification des praticiens de la guérison intégrative de l’énergie. La vision de base de ce
programme unique — qui a évolué de diverses façons depuis — explore des façons de
combler le fossé entre les pratiques de santé modernes et la sagesse des anciennes
pratiques de guérison autochtones et orientales.
Ce programme s’est avéré être un cadeau inestimable. L’une de mes parties préférées du
programme était d’apprendre les traditions, les pratiques, et la philosophie de guérison
des chamanes incas avec Lois Ross, qui a passé des décennies dans ce monde unique,
aidant d’innombrables personnes dans leur vie avec sa sagesse, ses compétences, et son
expérience.
L’un des dons les plus prononcés de cette philosophie se rapporte à « l’appel des
directions », qui est une pratique centrale de nombreuses communautés autochtones.
Chaque saison représente des leçons et des conseils pour nous. L’automne représente
le temps de nous débarrasser de nos manières d’être qui sont dépassées, afin que nous
puissions être réhabilité par la vie. L’hiver suit, où dans notre nudité après nous avoir
dévêtit de nos vieilles peaux familières, nous entrons dans la pénombre tranquille. Dans
cette obscurité, nous affrontons nos plus grandes peurs, afin que nous puissions pénétrer
plus profondément en nous-mêmes pour découvrir la puissance, le courage, et la clarté
du but qui réside au plus profond de nous. Parce que nous sommes dépouillés de nos
distractions habituelles et de nos anciennes croyances, cette période peut susciter des
peurs, en particulier à cause de la nécessité implicite de sortir de notre zone de confort.
Encore une fois, le parallèle avec la pratique méditative est troublant, comme c’est
souvent le cas lorsque nous nous déplaçons vers notre humanité et notre humilité les
plus fondamentales. C’est là que notre égo peut se sentir le plus menacé. Après cette
période où la clarté et le courage sont retrouvés, nous arrivons au printemps, temps où
notre résurgence de la vie est à son apogée.
C’est de bon augure, car la passion qui est rendue possible par le sens renouvelé de notre
« pourquoi » devient le vent sous nos ailes, qui nous porte sur notre chemin et vers notre
but. Enfin, en été, nous pouvons récolter les bienfaits de la sagesse issue de ce processus.
Là, comme l’aigle, nous sommes en mesure d’avoir une vue non seulement de l’ensemble,
mais aussi des détails.
Invitations à la réflexion
- En quoi l’idée de considérer
l’hiver comme une
opportunité de
renouvèlement peut-elle
changer votre relation avec
les jours sombres et froids ?
- Est-il possible d’imaginer la possibilité qu’il puisse y avoir
un seul aspect de votre vie
qui puisse être « démodé » ?
Si oui, que remarquez-vous
à l’intérieur de vous-même quand vous imaginez vous en départir en avançant
et en affrontant courageusement votre vie sans son confort familier ?
- En cette période d’introspection, y a-t-il un aspect de votre personne qui tend à
se développer en se dirigeant vers le printemps ? Si oui, pouvez-vous imaginer
vous donner la permission de nourrir cette semence de votre devenir d’une
manière encore plus passionnée qu’avant ?
En réfléchissant à ces invitations, permettez-vous de remarquer les sensations et les
pensées qui surgissent en vous. Rappelez-vous qu’il n’y a pas de « nécessité »,
« devoir », ou « devrait » implicite dans ces invitations. Nous sommes tous en voyage.
Nous avons tous l’opportunité de mener une vie utile. Pendant ce temps de répit
délicieusement hivernal, soyez indulgent et pensif, et sachez que vous êtes digne de
ce havre de soins qui prépare amoureusement l’essence de votre être à germer un
jour et à se réaliser.
Theresa Nicassio, PhD, Psychologue
Theresa est psychologue, éducatrice en nutrition Raw-Food,
et auteur du livre de recettes primé YUM: Plant-Based
Recipes for a Gluten-Free Diet.