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L’astragale : Un tonique du système immunitaire

L’astragale (Astragalus membranaceus) est une plante de la famille des fabacées, très utilisée et appréciée aussi bien par l’herboristerie occidentale que par la médecine traditionnelle chinoise (MTC). Elle est réputée pour ses effets de modulateur immunitaire et tonique Yin. L’utilisation de l’astragale a fait l’objet d’études concernant plusieurs affections, notamment l’asthme et les allergies, les troubles rénaux, le cancer, le diabète, et les maladies cardiaques. Au plan clinique, l’astragale est souvent utilisée comme modulateur immunitaire dans la prévention des infections respiratoires hivernales.

Mode d’action

L’astragale renferme divers constituants dont des flavonoïdes, des saponines, et des polysaccharides[1][2]. L’extrait d’astragale et ses composants, les astragalosides, ont montré des propriétés antioxydantes et anti-⁠inflammatoires, qui protègent les tissus cérébraux et les mitochondries d’autres tissus, y compris rénaux, et inhibent la signalisation des cytokines inflammatoires, notamment dans les poumons (NF-κB)[2].

Sur le plan immunitaire, l’astragale permet d’augmenter, chez les patients en bonne santé, la proportion des cellules immunitaires — parmi lesquelles les neutrophiles, les lymphocytes, et les monocytes — et de favoriser la prolifération des lymphocytes B et T[2]. L’astragale est considérée en MTC comme un tonique des méridiens de la rate et des poumons. Elle renforce également le Qi (énergie vitale), évite la stase sanguine, et « corrige la carence en Yin en favorisant la diurèse qui permet d’éliminer les œdèmes dus à une mauvaise transformation de l’humidité et du Qi »[2].

La recherche scientifique étudie les effets de l’astragale dans diverses affections touchant le système respiratoire, les reins, le cœur, et le système immunitaire[3][4][5]. Des études ont par exemple montré qu’une supplémentation en astragale pouvait être utile en cas d’asthme, d’allergie, de cancer du poumon, d’insuffisance rénale chronique, de diabète, de défaillance cardiaque, ou de fatigue[6][7][8][9][10][11][12]. En Chine, l’astragale est absorbé aussi bien sous forme d’injection qu’en extrait, par voie orale[11][13].

Allergie et asthme

On a pu montrer que l’astragale agit sur l’activité immunitaire dans les allergies et l’asthme. Une étude chinoise portant sur 90 enfants asthmatiques en rémission a comparé l’astragale aux corticostéroïdes inhalés pour la prévention de nouvelles crises d’asthme[8]. Les résultats indiquent que le taux d’efficacité de prévention des rechutes était du même ordre pour l’astragale (66 %) et les corticostéroïdes (73 %, p > 0,05). On notera que chez les enfants recevant un traitement combiné, celui-ci présentait une efficacité de 96 % (p < 0,05), soit nettement supérieur à l’un ou l’autre traitement utilisé seul. Dans un essai aléatoire en double insu mené auprès de 48 patients adultes atteints de rhinite allergique saisonnière modérée à grave, la prise d’astragale pendant six semaines a réduit significativement la rhinite par rapport à un placébo[10].

Insuffisance rénale

Un essai prospectif multicentré portant sur 32 patients souffrant d’insuffisance rénale chronique de niveau 3 ou 4 s’est intéressé aux effets d’une préparation phytothérapique contenant Astragalus et Angelica sinensis[5]. Ce traitement a été mis en relation avec une amélioration de l’activité rénale chez 78 % des patients. Le taux de créatinine sérique avait diminué de 12 %, le débit de filtration glomérulaire (DFG) avait augmenté de 21 %, et le taux d’albumine avait augmenté de 2,7 %, par rapport aux taux de référence[5].

Cancer

L’astragale a été étudié chez des patients suivant un traitement contre le cancer du poumon ou colorectal, et il a été démontré qu’il permettait d’améliorer l’appétit, les paramètres immunitaires, le taux de survie, et la réponse tumorale, ainsi que de réduire les effets secondaires de la chimiothérapie, notamment la neutropénie (affaiblissement immunitaire), les nausées, et les neuropathies[6][14][15]. Une revue systématique et méta-analyse de 65 essais randomisés contrôlés (ERC) portant sur 4 751 patients atteints de cancer du poumon non à petites cellules a montré qu’une supplémentation en astragale complémentaire à une chimiothérapie au platine a amélioré les résultats du traitement par rapport à la chimiothérapie seule[6]. Une méta-analyse portant sur 20 de ces essais (n = 1 520) a révélé une réduction de 35 % du risque létal à 12 mois associé au traitement avec l’astragale[6]. Une méta-analyse de 57 essais a montré une augmentation de 35 %, associée à ce même traitement, du taux de réponse tumorale à la chimiothérapie[6].

Une méta-analyse de 13 ERC a porté sur des plantes utilisées en MTC (dont le plus souvent l’astragale) en complément de chimiothérapies FOLFOX4 auprès de patients atteints de cancer colorectal à un stade avancé[14]. Les plantes les plus fréquemment utilisées étaient Astragalus membranaceus, Panax ginseng, Atractylodes, Poria, Coix lacryma-jobi, et Sophora flavescens. Les chercheurs ont trouvé que les compléments phytothérapiques avaient augmenté de 25 % le taux de réponse tumoral et de 51 % le taux de survie à 1 an, tout en améliorant la qualité de vie[14]. Par rapport au traitement FOLFOX4 seul, la phytothérapie a également permis de réduire les effets secondaires de la chimiothérapie, dont la neutropénie, les nausées, et les neuropathies[14].

Diabète

Il a été démontré que l’astragale prévenait les lésions rénales chez les patients atteints de diabète de type 2[7] et, dans une méta-analyse, qu’il favorisait le contrôle glycémique[11]. Cette méta-analyse de 13 études portant sur 1 054 participants atteints de diabète de type 2 s’est intéressée aux effets d’une supplémentation en astragale[11]. Celle-ci a permis de réduire la glycémie à jeun de 0,83 point, la glycémie postprandiale, l’insuline à jeun, l’HOMA-⁠IR (résistance à l’insuline), et l’hémoglobine A1c (de 1,7 point), par rapport au groupe de contrôle[11].

Troubles cardiaques

Lors d’un essai randomisé, 90 patients atteints d’insuffisance cardiaque ont suivi un traitement inhibiteur de l’enzyme de conversion (périndopril) complété d’une supplémentation en astragale à dose élevée, modérée, ou faible[12]. La dose élevée correspondait à 7,5 g, la dose modérée à 4,5 g, et la plus faible à 2,25 g, deux fois par jour pendant 30 jours. Les résultats ont montré une amélioration proportionnelle à la dose de la fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG), une mesure de la capacité de pompage du cœur, ainsi que de la capacité de marche des patients[12]. La FEVG avait augmenté de 59 % dans le groupe ayant reçu la dose la plus élevée.

Ces données témoignent de l’intérêt suscité par l’astragale auprès de la communauté scientifique, aussi bien occidentale que chinoise. L’astragale est sans danger, étant bien toléré en complément de divers traitements médicamenteux, y compris la chimiothérapie et les médicaments cardiovasculaires. L’astragale a démontré son efficacité dans plusieurs affections, dont les allergies, l’asthme, l’insuffisance rénale, le diabète, les maladies cardiaques, et le cancer.

Tout traitement devra faire l’objet d’une consultation auprès d’un praticien de soins de santé agréé afin d’évaluer l’opportunité d’une supplémentation en astragale.

Références

  1. Bratkov, V.M., et al. “Flavonoids from the genus Astragalus: Phytochemistry and biological activity.” Pharmacognosy Reviews, Vol. 10, No. 19 (2016): 11–32.
  2. Gong, A.G.W., et al. “Evaluation of the pharmaceutical properties and value of Astragali radix.” Medicines, Vol. 5, No. 2 (2018). pii: E46.
  3. Ji, L., et al. “Astragalus membranaceus up-regulate Cosmc expression and reverse IgA dys-glycosylation in IgA nephropathy.” BMC Complementary and Alternative Medicine, Vol. 14 (2014): 195.
  4. Li, N.Y., et al. “Astragalus membranaceus improving asymptomatic left ventricular diastolic dysfunction in postmenopausal hypertensive women with metabolic syndrome: A prospective, open-labeled, randomized controlled trial.” Chinese Medical Journal, Vol. 131, No. 5 (2018): 516–526.
  5. Li, S., et al. “[Therapeutic effect of Astragalus and Angelica mixture on the renal function and TCM syndrome factors in treating stage 3 and 4 chronic kidney disease patients]” (article in Chinese). Zhongguo Zhong Xi Yi Jie He Za Zhi, Vol. 34, No. 7 (2014): 780–785.
  6. Dugoua, J.J., et al. “Astragalus-containing Chinese herbal combinations for advanced non-small-cell lung cancer: A meta-analysis of 65 clinical trials enrolling 4751 patients.” Lung Cancer, Vol. 1 (2010): 85–100.
  7. Liao, H., et al. “Are the therapeutic effects of Huangqi (Astragalus membranaceus) on diabetic nephropathy correlated with its regulation of macrophage iNOS activity?” Journal of Immunology Research, Vol. 2017 (2017): 3780572.
  8. Lin, Y., B. Wang, and X.Q. Luo. “[Clinical study of astragalus's preventing the recurrence of asthma in children]” (article in Chinese). Zhongguo Zhong Xi Yi Jie He Za Zhi, Vol. 31, No. 8 (2011): 1090–1092.
  9. Liu, C.H., et al. “Effects of the traditional Chinese herb Astragalus membranaceus in patients with poststroke fatigue: A double-blind, randomized, controlled preliminary study.” Journal of Ethnopharmacology, Vol. 194 (2016): 954–962.
  10. Matkovic, Z., et al. “Efficacy and safety of Astragalus membranaceus in the treatment of patients with seasonal allergic rhinitis.” Phytotherapy Research, Vol. 24, No. 2 (2010): 175–181.
  11. Tian, H., et al. “The effect of Astragalus as an adjuvant treatment in type 2 diabetes mellitus: A (preliminary) meta-analysis.” Journal of Ethnopharmacology, Vol. 191 (2016): 206–215.
  12. Yang, Q.Y., S. Lu, and H.R. Sun. “Clinical effect of Astragalus granule of different dosages on quality of life in patients with chronic heart failure.” Chinese Journal of Integrative Medicine, Vol. 17, No. 2 (2011): 146–149.
  13. Guo, L., et al. “Astragalus polysaccharide injection integrated with vinorelbine and cisplatin for patients with advanced non-small cell lung cancer: Effects on quality of life and survival.” Medical Oncology, Vol. 29, No. 3 (2012): 1656–1662.
  14. Chen, M., et al. “FOLFOX 4 combined with herbal medicine for advanced colorectal cancer: A systematic review.” Phytotherapy Research, Vol. 28, No. 7 (2014): 976–991.
  15. Lee, J.J., and J.J. Lee. “A phase II study of an herbal decoction that includes Astragali radix for cancer-associated anorexia in patients with advanced cancer.” Integrative Cancer Therapies, Vol. 9, No. 1 (2010): 24–31.