Le lait maternel : Notre corne d’abondance universelle
Il n’y a pas que sept merveilles à travers le monde : n’importe quelle maman allaitante — ou pas — vous le confirmera ! Chaque famille compte ses petits trésors à la maison, et l’allaitement est redevenu — heureusement — la méthode privilégiée des femmes pour nourrir leurs nouveau-nés. Les nutriments — mais aussi les anticorps, la lactoferrine, les hormones, les facteurs de croissance, le colostrum, etc. — sont autant de richesses transmises dans le lait maternel pour la bonne croissance du bébé ainsi que pour le développement d’un système immunitaire fort et résilient. En Australie, le nombre de mamans allaitantes est passé de 48 % en 1975 à près de 90 % dans les années 2000. Méthode nutritionnelle reconnue par les instances de santé (entre autres l’OMS) comme la norme la plus adaptée pour les bébés jusqu’au moins six mois, elle n’en reste pas moins un possible défi dans certains cas. Les causes de l’arrêt de l’allaitement sont plurielles, et dépendent non seulement de facteurs psychophysiologiques (lactation insuffisante, fatigue ou déprime, complications physiques, croyances, comportements, etc.), mais aussi socioéconomiques (obligations scolaires ou professionnelles, stress financier, etc.). Comment alors y remédier ?
La fabrication de lait est favorisée par une juste fréquence de tétées ainsi que par la proximité de l’enfant avec sa mère ainsi que son désir d’allaiter, le poids de l’entourage, et l’hygiène de vie. En l’occurrence, la santé hormonale est essentielle à une production adéquate, par l’hypophyse, de prolactine (qui stimule la fabrication du lait) et d’ocytocine (qui induit l’éjection du lait). En cas de baisse de production de lait, il est important de corriger éventuellement la fréquence des tétées et les positions de maman et de bébé à son sein, d’essayer une méthode de soutien — par exemple la compression du sein pour aider le flot de lait —, ou encore de se reposer et de s’hydrater suffisamment. Les services d’aide à l’allaitement sont aujourd’hui très accessibles, alors usez-en sans retenue, et gardez en tête que des solutions existent pour balayer découragement ou culpabilité, car l’un des plus importants garants d’un allaitement réussi s’avère être la confiance en soi.
Un autre de ces outils naturels réside dans les plantes galactogènes, dont l’usage traditionnel apporte aux mamans allaitantes un effet rassurant et positif. Fenugrec, chardon béni, ou encore fenouil sont parmi les plantes qui œuvrent en faveur d’un meilleur flot de lait. Ce que l’on sait en phytothérapie est que nombre d’apiacées agissent sur le clapier hypophysaire, et conséquemment sur la prolactine, mais aussi sur la dopamine qui en diminue la sécrétion. La molécule d’anéthol que contiennent le fenouil et l’anis vert, par exemple, a une ressemblance structurelle avec les catécholamines comme la dopamine, et peut la déplacer de ses récepteurs, désinhibant ainsi la sécrétion de prolactine et ses effets galactagogues.
Pour favoriser la lactation, un moyen simple et efficace consiste donc en la prise d’une formule en teinture ou capsules de plantes galactogènes (fenugrec, chardon béni, fenouil, etc.), en synergie avec des plantes équilibrantes du système hormonal comme le framboisier ou le trèfle des prés. Vous pourrez aussi boire deux ou trois tasses par jour de tisanes de semences de carvi (60 g) ; fenouil, anis vert, et angélique (30 g chaque) ; et cônes de houblon (20 g), à raison d’une cuillerée à thé par tasse. Dans votre cuisine, usez de cumin, de basilic, de verveine, de malt d’orge, et de miso ; à l’inverse, évitez le persil, la sauge, la menthe, l’oseille, ou l’artichaut, qui tendent à réduire la production lactée. La réflexologie et l’acuponcture sont aussi des techniques complémentaires utiles à considérer.
Dans tous les cas d’usage de plantes médicinales, observez un strict respect des posologies et des recommandations, et faites-vous conseiller par un praticien de soins de santé, naturopathe agréé, ou autre. Les conseils-santé de cet article ne sauraient en aucun cas se substituer à une prescription médicale.
Références
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Fondation canadienne de l’allaitement. · http://www.canadianbreastfeedingfoundation.org/fr/index.shtml
Guillaume Landry, MSc, Naturopathe
Sa plume a pour dessein la sensibilisation aux merveilles
de dame nature, et à la médecine naturelle.