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Vitamine D et surrénales — Recherche émergente

La vitamine D a été le centre d’attention ces dernières années. Plus de Canadiens prennent conscience de son importance dans un certain nombre de rôles, y compris l’humeur, l’immunité, et la prévention du cancer ; et plus de Canadiens semblent conscients de l’importance de sa supplémentation compte tenu de notre climat nordique. Néanmoins, la vitamine D demeure un sujet chaud parmi la communauté de chercheurs, et de nouvelles données ne cessent d’émerger. Cet article souligne certaines des applications novatrices de la vitamine D sur la base de ces résultats.

On néglige souvent le fait que la vitamine D possède la structure d’un stéroïde et est réellement considérée comme une hormone stéroïdienne, similaire aux hormones sexuelles estrogène et progestérone, ainsi que l’hormone surrénale cortisol (également appelée « hormone du stress »). En tant que tel, nous ne devrions pas être surpris qu’il soit démontré que la vitamine D peut augmenter certaines des fonctions de ces voies de signalisation hormonale. Par exemple, il a été démontré que la vitamine D a une incidence sur la fonction surrénalienne et réduit l’inflammation — par exemple, une propriété du cortisol —, et affecte la fonction ovarienne chez les patients souffrant de problèmes de fertilité. Cet article se concentrera sur la fonction surrénale et l’inflammation.

Fonction surrénale

Le rôle potentiel de la vitamine D au sein de la fonction surrénale est particulièrement fascinant. Les surrénales sont l’organe effecteur de l’axe hypothalamique-hypophysaire-surrénal (HHS). L’axe HHS s’active pendant les périodes de stress, pompant des niveaux élevés de cortisol. Le cortisol aide le corps à s’adapter au stress, à combattre l’inflammation, et à traiter d’autres hormones par la thyroïde et les ovaires. Au fil du temps, des niveaux élevés de stress peuvent entrainer une production inadéquate de cortisol, communément appelée fatigue surrénalienne.

Bien que l’existence de l’axe hypothalamique-hypophysaire-surrénal central — constituée d’organes dans le cerveau qui communiquent avec les surrénales — a été reconnue depuis des décennies, de nouvelles recherches ont décrit une entité liée appelée l’axe HHS analogique de la peau [1]. Ce système semble être composé de cellules de pigmentation de la peau telles que les mélanocytes. Il semble y avoir un mécanisme par lequel les évènements locaux dans la peau, à savoir l’exposition aux rayonnements UVB, semblent activer l’axe HHS analogique de la peau, qui interagit et active l’axe HHS central. En effet, la recherche démontre que l’exposition aux UVB accroit la production de certaines hormones, telles que la corticotropine, une hormone libérée par le cerveau pour signaler l’activité aux surrénales [1]. La vitamine D semble en partie mesurer cet effet et peut augmenter directement l’expression locale de facteurs tels que le FLC et d’autres facteurs d’activation HHS, tels que le POMC (proopiomélanocortine) [2]. Cela nous amène à nous demander si la vitamine D est impliquée dans la régulation de l’axe central HHS — et dans quelle mesure.

Une autre étude intéressante suggère que la vitamine D puisse jouer un rôle dans la régulation des glucocorticoïdes tels que le cortisol pendant la grossesse [3]. Dans une étude menée sur des animaux en gestation, les chercheurs ont induit une carence en vitamine D et ont comparé les résultats à des niveaux de vitamine D suffisants chez les animaux. La carence en vitamine D maternelle a diminué l’expression d’une enzyme appelée 11β-⁠hydroxystéroïde déshydrogénase de type II, qui inactive le cortisol en passant au bébé par le placenta. Il s’agit d’un mécanisme de protection, car l’exposition excessive au cortisol pendant la vie fœtale est associée à une multitude de résultats indésirables, y compris une malformation de diminution de croissance du fœtus, des défauts de santé et le flux sanguin du placenta, ainsi qu’un risque accru de maladie cardiaque et de diabète à l’âge adulte [4].

Une étude sur des lignées cellulaires a révélé que la vitamine D était impliquée dans la régulation de la production cellulaire et la dégradation du cortisol. Lorsque les adipocytes ont été exposés à la vitamine D, ils ont tous deux produit des taux de cortisol de deux à six fois plus élevés, et ils ont augmenté simultanément jusqu’à deux fois l’expression de l’enzyme 11β-⁠hydroxystéroïde déshydrogénase de type I, qui est responsable de la dégradation du cortisol dans les tissus [5].

Ces études suggèrent que la vitamine D joue un rôle dans la régulation du métabolisme et de l’activité du cortisol pendant la grossesse, ainsi que dans les états non gravides. La vitamine D semble être impliquée dans la régulation de l’activation de l’axe HHS ainsi que dans la régulation des concentrations locales de cortisol au niveau des tissus. Bien qu’une relation détaillée entre la vitamine D et la fonction surrénalienne nécessite beaucoup plus d’étude et de clarification, il semble qu’un niveau adéquat de vitamine D soit plus important que ce que l’on pensait auparavant en ce qui concerne une fonction surrénalienne optimale.

Polyarthrite rhumatoïde

Le cortisol est l’hormone endogène antiinflammatoire la plus puissante du corps. Il a été supposé qu’une production surrénalienne sousoptimale de cortisol puisse exacerber les symptômes d’états inflammatoires tels que l’arthrite auto-immune. Il est donc intéressant de noter que des études récentes ont démontré des bienfaits significatifs sur la polyarthrite rhumatoïde (PR) associée à la supplémentation en vitamine D [6][7].

Au total, 39 patients atteints de PR précoce ont reçu de façon aléatoire un traitement standard avec méthotrexate (MTX) et des médicaments glucocorticoïdes, avec ou sans addition de vitamine D3 en une seule dose de 300 000 UI. Après trois mois, les patients qui ont reçu de la vitamine D ont rapporté une amélioration significative de l’état de santé général [6].

Une autre étude portant sur 150 patients atteints de PR qui avaient démontré une résistance à des médicaments antirhumatisme modifiant la maladie pendant trois mois a révélé que les patients avaient une carence en vitamine D et que l’addition de vitamine D sur une période de trois mois a entrainé des améliorations significatives de l’activité de la maladie ainsi qu’une augmentation des taux de vitamine D [7].

Un article publié en 2015 examine la relation entre la vitamine D et divers problèmes surrénaliens et appelle à de nouvelles recherches dans ce domaine [8]. Ce sera en effet un domaine intrigant à suivre dans les années à venir.

 

Références

  1. Jozic, I., et al. “Skin under the (Spot)-Light: Cross-Talk with the Central Hypothalamic-Pituitary-Adrenal (HPA) Axis.” Journal of Investigative Dermatology Vol. 135, No. 6 (2015): 1469–1471.
  2. Wierzbicka, J.M., et al. “Bioactive forms of vitamin D selectively stimulate the skin analog of the hypothalamus-pituitary-adrenal axis in human epidermal keratinocytes.” Molecular and Cellular Endocrinology Vol. 437 (2016): 312–322. doi: 10.1016/j.mce.2016.08.006. [Epub 2016 Aug 12]
  3. Tesic, D., et al. “Vitamin D Deficiency in BALB/c Mouse Pregnancy Increases Placental Transfer of Glucocorticoids.” Endocrinology Vol. 156, No.10 (2015): 3673–3679.
  4. Cottrell, E.C., et al. “Foetal and placental 11β-HSD2: ahub for developmental programming.” Acta Physiologica (Oxford, England) Vol. 210, No. 2 (2014): 288–295.
  5. Morris, K.L. and M.B. Zemel. “1,25-dihydroxyvitamin D3 modulation of adipocyte glucocorticoid function.” Obesety Research Vol. 13, No. 4 (2005): 670–677.
  6. Buondonno, I., et al. “Vitamin D and immunomodulation in early rheumatoid arthritis: A randomized double-blind placebo-controlled study.” PLoS One Vol. 12, No. 6 (2017): e0178463. doi: 10.1371/journal.pone.0178463. [eCollection 2017]
  7. Chandrashekara, S. and A. Patted. “Role of vitamin D supplementation in improving disease activity in rheumatoid arthritis: An exploratory study.” International Journal of Rheumathic Diseases Vol. 20, No. 7 (2017): 825–831.
  8. Muscogiuri, G., et al. “Focus on vitamin D and the adrenal gland.” Hormone and Metabolic Research Vol. 47, No. 4 (2015): 239–246.

  

 Philip Rouchotas, MSc, ND

 Naturopathe renommé dans la communauté, il est aussi professeur
 associé et rédacteur-en-chef d'Integrated Healthcare Practitioners.

 

 

 Heidi Fritz, MA, ND

 Practicienne de naturopathie depuis 2007, elle s'intéresse à la santé
 des femmes et des enfants, à la douleur chronique, et plus.