Qu’y a-t-il dans vos cosmétiques ? Le cout caché de la beauté
Votre peau, en plus d’être l’un des principaux organes de détoxification, est également le plus grand organe du corps. Elle présente des millions de pores qui libèrent de l’huile, de l’eau, et des gaz — mais qui absorbent aussi ce qui se trouve à sa surface. Cela signifie que ce que vous portez sur votre peau devient une part de vous-même. Une fois absorbées, les substances passent dans le sang et la lymphe, et sont traitées par le foie et les reins — alors, soyez particulièrement prudent cet été pour choisir vos crèmes solaires, crèmes hydratantes, soins après-soleil, et cosmétiques.
Nous voulons toutes être belles… mais à quel prix ?
Il est scientifiquement prouvé que de nombreux composants des cosmétiques du commerce sont des perturbateurs endocriniens, qu’ils sont cancérigènes, et qu’ils constituent une vraie menace pour la santé. Leurs impacts sur le système hormonal sont connus et documentés depuis les années 1960. En perturbant l’activité hormonale, ces substances augmentent le risque de troubles de la fécondité et affectent le vieillissement, la thyroïde, et la santé hormonale.
Plus grave encore, l’utilisation de la plupart de ces substances est autorisée par Santé Canada. La liste ci-dessous représente à peine quelques-unes des substances incriminées, aujourd’hui autorisées pour les soins corporels et les produits de beauté.
Aniline
Par exemple l’aniline (teinture de goudron) est utilisée comme colorant dans les cosmétiques pour les yeux. Certains colorants, non autorisés comme additifs alimentaires, sont pourtant utilisés dans des cosmétiques qui peuvent être ingérés, tels que les rouges à lèvres.
Risques pour la santé et l’environnement
Le goudron est un mélange de nombreuses substances chimiques dérivées du pétrole. Il a été reconnu comme cancérigène pour l’homme, ce qui constitue le risque principal de l’utilisation des divers colorants issus du goudron. Ces colorants peuvent aussi être contaminés par de faibles concentrations de métaux lourds, certains étant par exemple combinés avec un substrat d’aluminium. Les composés d’aluminium, ainsi que beaucoup de métaux lourds, sont toxiques pour le cerveau.
La règlementation des cosmétiques au Canada interdit les teintures de goudron (voir la Liste critique des ingrédients de cosmétiques de Santé Canada), sauf sept d’entre elles pour le maquillage des yeux et d’autres produits utilisés dans la zone de l’œil. Pourtant, des dizaines de colorants tirés du goudron sont toujours largement utilisés dans les autres types de cosmétiques.
Agents moussants à base de DEA
La diéthanolamine (DEA) et ses composés sont utilisés dans les cosmétiques comme agents moussants ou épaississants. On trouve principalement la DEA dans les crèmes hydratantes et les protections solaires, et les composés cocamide DEA et lauramide DEA dans les savons, les démaquillants, et les shampoings. La DEA agit aussi sur le pH, notamment en balançant l’acidité des autres ingrédients.
Risques pour la santé et l’environnement
La DEA peut réagir pour former des nitrosamines, potentiellement cancérigènes et nocives pour les poissons et les autres animaux. Des expériences de laboratoire ont montré que l’exposition à de fortes doses de ces substances provoquait des cancers du foie, des modifications cutanées précancéreuses, et des perturbations hormonales thyroïdiennes.
Agents de conservation à base de BHA et BHT
Le butylhydroxyanisol (BHA) et le butylhydroxytoluène (BHT) sont des antioxydants de synthèse utilisés comme agents de conservation dans les rouges à lèvres, les crèmes hydratantes, et les produits de maquillage.
Risques pour la santé et l’environnement
Ces substances interfèrent avec l’activité hormonale et peuvent provoquer le cancer. Une exposition à long terme et à de fortes doses de BHT est toxique pour les souris et les rats, entrainant des troubles hépatiques, thyroïdiens, et rénaux ; et affectant le fonctionnement pulmonaire et le temps de coagulation sanguine. Dans certaines situations, le BHT favorise également la croissance des tumeurs.
Règlementation canadienne
Alors qu’elles sont interdites en Europe, ces deux substances chimiques de synthèse sont toujours utilisées au Canada dans les cosmétiques et l’alimentation.
Solvants et assouplissants à base de DBP
Le phtalate de dibutyle, ou DBP, est utilisé principalement dans les produits pour ongles comme solvant des teintures, ainsi que comme assouplissant afin d’éviter que les vernis à ongles ne deviennent cassants. Le DBP est aussi couramment utilisé dans le polychlorure de vinyle (PVC) pour augmenter sa flexibilité.
Risques pour la santé et l’environnement
Le DBP est suspecté d’être un perturbateur endocrinien et un élément toxique pour la reproduction. Il est aussi nocif pour les poissons et les autres animaux. Le DBP est absorbé à travers la peau. Bien que son propre caractère mutagène ne soit pas clairement établi, il peut favoriser la capacité d’autres substances à provoquer des mutations génétiques. Des expériences en laboratoire ont montré qu’il était à l’origine de troubles du développement, de transformations dans les testicules et la prostate, et d’une diminution du nombre de spermatozoïdes.
Règlementation canadienne
Son utilisation dans les cosmétiques n’est pas interdite. Santé Canada a récemment annoncé l’adoption d’un règlement interdisant six phtalates (dont le DBP) dans les jouets et articles de puériculture en vinyle mou. L’Union européenne classe le DBP parmi les perturbateurs endocriniens possibles, sur la base de preuves montrant qu’il interfère avec l’activité hormonale, et comme toxique pour la reproduction, dans la mesure où il peut nuire à la fécondité et provoquer des troubles chez le fœtus. L’Union européenne interdit le DBP dans les cosmétiques ainsi que dans les jouets et les articles de puériculture.
Ce que vous pouvez faire
1. Vous familiariser avec la liste des substances à éviter lorsque vous achetez vos cosmétiques.
2. Arrêter d’utiliser les cosmétiques du commerce et passer aux produits naturels.
3. Éliminer les substances chimiques de votre organisme grâce à une cure détox.
4. Écrire à Santé Canada pour les presser d’éliminer les substances nocives des produits de soins et de beauté.
5. En parler à vos amies, vos collègues, vos proches — les aider à s’informer et à être vigilants.
Pour une liste plus complète des cosmétiques du commerce, et une information étayée sur leurs effets perturbateurs du système hormonal, reportez-vous au tableau ci-dessous.
Angeli Chitale, BSc, ND
Dre Angeli Chitale est docteure agréée en naturopathie
avec une formation complémentaire sur le traitement des
affections thyroïdiennes et endocriniennes, incluant la
fertilité chez les hommes et les femmes.
www.restorativemedicine.ca