Après quelques semaines de confinement, quelqu’un a posté une vidéo YouTube sur Facebook qui datait de quelques années avec le commentaire suivant : « C’est maintenant notre réalité à tous ». Il s’agissait d’une vidéo de la BBC où le politologue Robert Kelly fait une interview sur la Corée du Nord, depuis son bureau, à la maison, quand sa fille arrive avec une marche enjouée pendant qu’il est en direct, et est suivie quelques secondes après par son petit frère dans un trotteur. Vient ensuite une scène fantastique où la mère des enfants s’immisce dans la pièce et les fait sortir. Pendant ce temps, M. Kelly essaie de garder une attitude sérieuse et professionnelle.

Depuis le début de cette pandémie, les parents ont été confrontés à de nombreuses difficultés. Des parents devant concilier le fait que leurs enfants sont à la maison à temps plein avec le fait de devoir également exercer leur activité professionnelle à domicile (ce qui ne fait pas compte !). Il y a également les parents qui essaient d’assurer la scolarisation à domicile de leurs enfants avec l’apprentissage en ligne — oh ! oui — tout en continuant de travailler à la maison. Ici non plus, ça ne fait pas bon compte. Vient ensuite l’été, où la plupart des activités habituelles ne sont pas disponibles — une météo merveilleuse mais, encore une fois, beaucoup de responsabilités pour nous, les parents !

Et puis, la confusion de l’automne, à savoir si les enfants devraient retourner à l’école ou continuer l’enseignement à domicile… cette pandémie a engendré un stress chronique sur les parents et nous a privés de nos assistants et notre personnel aidant — que l’on peut également qualifier de soutiens à notre santé mentale ! Nous n’avons pas pu alterner les après-midi chez les copains, les soirées pyjama, ou les nuits passées chez les grands-parents… Et maintenant que cela semble être parti pour durer encore des mois, il est important que nous nous entraidions entre parents !

Voici deux stratégies que je vous recommande pour vous aider à traverser ces moments uniques et compliqués.

Remplissez votre cocotte quotidiennement

Il y a quelques années, une femme pleine de sagesse m’a dit qu’« on ne peut pas nourrir sa famille avec une cocotte vide ». Ces mots me sont restés en tête pendant les années que j’ai passées à élever une famille. En tant que parents, nous voulons tout donner à nos enfants, et nous sacrifions tout pour eux. Dans ces moments où la pression est encore plus forte sur les parents, il est encore plus difficile de trouver du temps pour nous-mêmes. Pourtant, il est plus que jamais indispensable de prendre soin de nous-mêmes, de façon à avoir « quelque chose dans notre cocotte pour nourrir notre famille ». À ce stade, nous devenons tous un peu irritables, à bout de nerfs, et même un peu déprimés. Nos enfants essaient de trouver leurs repères à traverse cette pandémie, et cette expérience s’accompagne d’une multitude d’émotions que nous devons les aider à gérer. Pour y parvenir, nous devons disposer des capacités suffisantes pour répondre à leurs besoins émotionnels.

Prendre du temps pour soi ne signifie pas que nous sommes des parents égoïstes ou négligents, bien au contraire ! En faisant cela, nous donnons l’exemple à nos enfants en leur montrant que c’est une bonne chose de répondre à nos propres besoins ainsi qu’aux besoins des autres. Faire passer notre bien-être en priorité implique probablement de laisser traîner certaines choses pour se donner le temps de le faire (la vaisselle peut attendre).

Alors, comment remplit-on sa cocotte ?

Premièrement, pensez à ce qui vous permet de vous recharger de manière efficace. Cela peut être différent que de regarder Netflix pendant des heures (c’est agréable, mais cela ne permet pas de se recharger de la manière dont on a besoin). Cela peut être une ballade seul, déguster une tasse de thé en regardant par la fenêtre, tenir un journal, faire un casse-tête, ou encore un exercice de pleine conscience.

Trouvez ensuite un moment stratégique pour le faire pendant votre journée. Attendre la fin de la journée (une fois les enfants au lit et la vaisselle terminée) pourrait être trop éprouvant pour votre système. Il pourrait être plus bénéfique de prévoir un ou deux « moments de répit » pendant la journée. Par exemple, prenez 15 minutes au milieu de la journée, puis 15 minutes à la fin de votre journée de travail avant d’aller chercher les enfants ou qu’ils rentrent à la maison.

Les connexions émotionnelles : opter pour la qualité plutôt que la quantité

Les limites sont difficiles à définir en ce moment ; tout se passe à la maison ! Quand on est tous ensemble à la maison pendant des journées et des heures interminables, tout commence à s’entremêler. Il pourrait y avoir de la confusion concernant les heures de travail, les heures passées à la maison, les moments pour passer du temps en famille ou pour s’occuper des corvées, etc. Toutes ces choses semblent s’imbriquer les unes aux autres. Nous disposons de plus de temps à passer ensemble, mais la qualité de la connexion n’est pas au rendez-vous. On peut également se dire que comme nous nous voyons tout au long de la journée, nous passons du temps ensemble. Cela n’est pas vrai. De plus, le besoin de connexion d’un enfant ne s’arrête pas pendant une pandémie. Garantir un lien solide avec vos enfants leur permettra de se sentir aimés et importants, et cela produira également le bienfait secondaire d’un meilleur comportement.

Trois étapes simples pour entretenir un lien de qualité

Premièrement, identifiez activement et marquez des activités et des moments différents, en particulier pour les moments prévus pour établir cette connexion de qualité. Vous pourriez donner des appellations comme « moment en famille », « période de travail », « moment romantique », ou « moment spécial pour nous », etc.

Prévoyez ensuite un temps de transition entre chaque « moment », et laissez quelques minutes s’écouler pour vous acclimater à chaque activité. La pandémie restreint la possibilité de se rendre aux endroits qui nous permettaient habituellement de marquer la transition. Avant de commencer notre moment prévu pour nous reconnecter, nous pouvons par exemple nous demander « avons-nous tout ce dont nous avons besoin avant de commencer ce moment spécial ensemble ? ».

Enfin, respectez chacun de ces « moments » avec les activités prévues pour eux. Pour bénéficier au mieux de ces moments de connexion passés ensemble, résistez à la tentation de faire plusieurs choses à la fois ou bien de vous laisser distraire ou interrompre par votre téléphone.

Conclusion

J’espère que ces suggestions vous aideront, vous et votre famille, à traverser cette pandémie avec un peu plus de bienveillance et de tendresse.

Hye Kam, TMF

Une thérapeute agréée pour couples et familles basée à Montréal, qui se spécialise en problèmes relationnels.

hyekam.com