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La rhinite allergique : Les atouts de la curcumine et des probiotiques

La rhinite allergique (RA) — qui se manifeste par des larmes et des démangeaisons oculaires, des éternuements, une congestion, et des écoulements nasaux — devient de plus en plus fréquente dans les pays développés. Au Canada, 44 % des personnes disent avoir déjà éprouvé les symptômes de la RA, et 20 % en ont reçu le diagnostic par leur médecin [1]. Chez certains, elle survient surtout au printemps et à l’automne ; c’est ce que l’on appelle les « allergies saisonnières ». Chez les autres, elle est présente toute l’année, et l’on parle alors « d’allergies pérennes ». Les autres symptômes de la rhinite allergique sont notamment fatigue, perte de concentration, et réduction de la productivité, symptômes plus systémiques pouvant affecter de façon importante la qualité de vie.

Les symptômes de la RA sont dus à une réaction inflammatoire de la muqueuse nasale ainsi que des membranes des oreilles, des sinus, et du pharynx. Ils sont déclenchés par l’exposition à divers allergènes environnementaux. Ceux-ci peuvent être domestiques — par exemple les acariens, les poils d’animaux, ou les moisissures — ou extérieurs : pollen des graminées, mauvaises herbes, arbres, et autres moisissures extérieures [2]. De nombreuses personnes ont recours à des médicaments en vente libre, tels que décongestionnants, antihistaminiques, ou corticostéroïdes nasaux, pour gérer leurs symptômes. 60 % de ces personnes ont l’impression de contrôler ainsi plus ou moins leurs symptômes au cours des pires mois de l’année [1]. La médecine naturopathique propose des traitements complémentaires ou alternatifs aux médicaments en vente libre, permettant de réduire les symptômes de la RA et d’améliorer la qualité de vie. Nous aimerions tous pouvoir profiter de l’odeur des roses au printemps, n’est-ce pas ?

La réponse immunitaire aux allergènes

Notre système immunitaire a évolué pour nous protéger contre les virus, les bactéries, les champignons, et les parasites. Il peut pourtant, en réagissant de façon anormale à des déclencheurs anodins tels que le pollen présent dans l’air, provoquer des réactions immunitaires indésirables. Le système immunitaire dispose de deux armes principales. Le système immunitaire inné est la première ligne de défense, qui agit rapidement contre les infections ; il n’est pas spécifique à certains antigènes, et n’a pas de mémoire immunologique des infections précédentes. L’autre arme dont dispose notre système immunitaire est la réponse immunitaire adaptative. Sa réponse est plus lente, nécessitant parfois plusieurs jours, mais elle présente une mémoire immunologique et est spécifique à certains antigènes, ce qui veut dire que la réponse immunitaire peut se renforcer à chaque exposition à un antigène [3].

L’inflammation des muqueuses dans la RA est la conséquence d’une réponse immunitaire adaptative, et plus précisément d’une réponse immunitaire à médiation par l’immunoglobuline E (IgE). L’IgE est un anticorps, produit par le système immunitaire, qui se lie à la surface des mastocytes. Quand l’IgE entre en contact avec des protéines allergéniques (c’est-à-dire des antigènes), les mastocytes sont activés et libèrent des médiateurs inflammatoires comme l’histamine. Cela augmente la perméabilité des vaisseaux sanguins, permettant aux leucocytes et à certaines protéines d’atteindre la zone concernée, ce qui provoque une inflammation locale des tissus tels que les muqueuses du nez, des oreilles, et des yeux.

Diagnostic

Les deux méthodes les plus utilisées pour identifier les antigènes allergiques sont le test cutané par abrasion et un test sanguin appelé Immuno-essai enzymatique par fluorescence (IEEF). Le test cutané mesure la réaction IgE immédiate à divers allergènes. La procédure consiste à insérer un extrait de l’allergène sous la peau, en général sur l’avant-bras. Une réaction positive se traduit par la formation d’urticaire provoquée par la libération locale d’histamine par les mastocytes. De son côté, l’IEEF est un test sanguin qui mesure indirectement le taux sérique d’IgE associé à certains antigènes. Il n’est pas aussi sensible ni précis que le test cutané, mais peut se révéler utile pour déterminer des allergènes spécifiques [2].

Solutions

Prévention

Une fois qu’un allergène spécifique a été identifié, le meilleur moyen de ne pas subir les symptômes allergiques consiste à éviter cet allergène. Concernant les allergènes extérieurs, cela signifie éviter de sortir aux moments de l’année durant lesquels ces pollens sont les plus répandus. Les pollens des arbres, par exemple, sont à leur maximum au printemps, ceux des graminées au début de l’été, et ceux des mauvaises herbes de la fin août jusqu’à septembre [2].

Il convient également de bien fermer les portes et les fenêtres, de régler la climatisation en mode « recyclage », et de prendre une douche après être sorti, afin d’éliminer l’excès de pollen sur la peau et les cheveux. Ces conseils sont la meilleure façon de prévenir les symptômes allergiques dus aux allergènes extérieurs.

En ce qui concerne les allergènes domestiques, il convient de laver le linge de maison au moins deux fois par mois à l’eau chaude, et d’utiliser des housses de matelas et d’oreillers hypoallergéniques, afin de limiter l’exposition aux acariens [4][5]. Ceux-ci prospérant quand l’humidité est supérieure à 50 %, un déshumidificateur peut aussi se révéler utile [6]. Le fait de réduire l’humidité intérieure permet également d’éviter la formation de moisissures, autre source courante d’allergènes domestiques. Il est préférable d’éviter complètement la moquette, surtout en présence d’animaux de compagnie. Concernant les allergies animales, le mieux est d’éviter l’exposition, mais pour ceux qui ont une allergie animale et sont exposés, les filtres à air HEPA peuvent être utiles, notamment pour les poils de chat. Il est par ailleurs important d’éviter non seulement les allergènes intérieurs et extérieurs, mais aussi les irritants comme la fumée de cigarette ou le parfum, ainsi que les changements brusques de température et la pollution atmosphérique, qui accroissent l’inflammation locale et peuvent accentuer les symptômes allergiques.

La curcumine

La curcumine est le composant actif du curcuma, un tubercule vivace originaire d’Asie du Sud-Est. Elle a de puissants effets antiinflammatoires, comparables à ceux du cortisol [7:371–372]. On a observé qu’elle permettait de limiter les symptômes de la rhinite chez la souris, en réduisant les médiateurs immunitaires comme l’IgE, qui joue également un rôle dans la rhinite chez l’homme. En conséquence, une étude s’est intéressée aux effets de la supplémentation en curcumine pour soulager les éternuements ainsi que les congestions et écoulements nasaux chez l’adulte. L’étude portait sur 241 participants souffrant de RA pérenne (c’est-à-dire durant toute l’année), avec des résultats positifs aux tests cutanés pour des allergènes multiples.

Tous les participants présentaient des symptômes depuis au moins deux ans et ne prenaient aucun autre traitement pharmaceutique pendant l’étude. La moitié d’entre eux recevaient chaque jour 500 mg de curcumine par voie orale, l’autre moitié recevant un placébo. Après deux mois, les symptômes nasaux (éternuements, nez qui coule et qui démange, obstruction) avaient significativement diminué dans le groupe ayant reçu de la curcumine, aucun changement n’étant observé dans le groupe ayant reçu le placébo. Les symptômes étaient mesurés par les participants, qui remplissaient un formulaire d’évaluation avant et après le traitement. La congestion nasale également était soulagée dans le groupe ayant reçu de la curcumine, et non dans le groupe ayant reçu le placébo. En outre, les personnes recevant de la curcumine présentaient une réduction du taux d’IL-4, un médiateur de la production d’IgE dont le taux est élevé chez les personnes ayant des symptômes de RA [8].

Les probiotiques

Les probiotiques sont des microorganismes vivants qui, introduits dans le système digestif, permettent d’améliorer la digestion ainsi que la santé globale en régulant le système immunitaire. En conséquence, les probiotiques peuvent jouer un rôle dans la réduction des symptômes allergiques. De fait, les effets du microbiote humain sur le système immunitaire ont été largement étudiés. Bien que les preuves des effets des probiotiques dans le traitement de la RA soient controversées, elles révèlent pourtant des bienfaits incontestables.

Une étude a démontré une amélioration de la qualité de vie en rapport avec les symptômes d’allergie saisonnière. Dans cet essai aléatoire contrôlé, 173 adultes étaient répartis en deux groupes : le groupe de traitement a reçu deux fois par jour une gélule de probiotiques contenant 1,5 milliard d’unités formant colonie (UFC) de mars à mai (soit 8 semaines), au moment des allergies printanières. Le groupe recevant le placébo a suivi le même traitement, mais avec des gélules ne contenant pas de probiotiques. Au terme des 8 semaines, le groupe de traitement présentait une amélioration de la qualité de vie, évaluée par un questionnaire, bien qu’aucun changement ne soit observé quant aux marqueurs immunitaires [9]. Ce qui signifie que le traitement par probiotiques se montrait efficace, mais on ignore par quel mécanisme.

Une autre étude a également révélé une amélioration de la qualité de vie pour des personnes présentant une RA persistante. La particularité de cette étude est que les participants recevaient aussi de la loratadine, un antihistaminique utilisé contre la RA. Le groupe de traitement recevait une gélule quotidienne de probiotiques de 2 milliards d’UFC pendant cinq semaines, en période d’allergies aux graminées. Bien qu’aucun changement n’ait été relevé dans les symptômes de la rhinite (obstruction nasale, éternuements, démangeaisons nasales) entre les deux groupes, on a observé un soulagement des démangeaisons oculaires [10]. Dans une troisième étude, 27 adultes souffrant d’une allergie reconnue aux graminées ont reçu soit une souche spécifique de probiotiques, Bidifidobacterium lactis NCC2818, à la dose de 4 milliards d’UFC par jour pendant huit semaines, soit un placébo. Après cinq semaines de traitement, les symptômes nasaux étaient significativement réduits dans le groupe de traitement, par rapport au groupe ayant reçu le placébo. Par ailleurs, le taux de marqueurs immunitaires, généralement élevé en cas de symptômes allergiques, était réduit dans le groupe de traitement, ce qui indique un possible effet immunorégulateur de la supplémentation en probiotiques, dépendant de la souche utilisée [11].

Conclusion

La rhinite allergique peut être déclenchée par divers allergènes environnementaux. La meilleure façon de prévenir les symptômes est d’éviter l’exposition aux allergènes spécifiques, mais une telle stratégie n’est pas recommandée si l’on ignore les allergènes précis en cause. Pour identifier les allergènes, un test cutané devrait être réalisé par un allergologue. Si des symptômes apparaissent, des traitements sans ordonnance peuvent être utilisés pour les prendre en charge, mais l’emploi de solutions naturelles — comme la curcumine et les probiotiques — aide également à réduire les symptômes nasaux et oculaires ainsi qu’à améliorer la qualité de vie pendant la saison des allergies. Davantage d’études sont nécessaires pour confirmer l’efficacité de ces compléments et préciser les posologies et durées de traitement pour prévenir les symptômes de la rhinite allergique.

References

  1. Keith, P.K., et autres. « The burden of allergic rhinitis (AR) in Canada: Perspectives of physicians and patients. » Allergy, Asthma, and Clinical Immunology, Vol. 8, No. 1 (2012): 7.
  2. Sheikh, J. « Allergic rhinitis.” Medscape. · https://emedicine.medscape.com/article/134825 · Updated 2018-⁠05-⁠18.
  3. Holgate, S.T., et autres, éditeurs. Allergy 4e Édition. Edinburgh: Elsevier Limited, 2012, 432 p., ISBN 978-⁠0-⁠7234-⁠3658-⁠4.
  4. McDonald, L.G., et E. Tovey. « The role of water temperature and laundry procedures in reducing house dust mites populations and allergen content of bedding. » The Journal of Allergy and Clinical Immunology, Vol. 90, No. 4, Pt. 1 (1992): 599–608.
  5. Morgan, W.J., et autres. « Results of a home-based environmental intervention among urban children with asthma. » The New England Journal of Medicine, Vol. 351, No. 11 (2004): 1068–1080.
  6. Korsgaard, J. « House-dust mites and absolute indoor humidity. » Allergy, Vol. 38, No. 2 (1983): 85–92.
  7. Godfrey, A., et autres. Naturopathic botanical medicine, Vol. 1: Botanical medicine monographs. Toronto: CCNM Press, 2010, 568 p., ISBN 978-⁠1-⁠8970-⁠2526-⁠0.
  8. Wu, S., et D. Xiao. « Effect of curcumin on nasal symptoms and airflow in patients with perennial allergic rhinitis. » Annals of Allergy, Asthma & Immunology, Vol. 117, No. 6 (2016): 697–702.
  9. Dennis-Wall, J.C., et autres. « Probiotics (Lactobacillus gasseri KS-⁠13, Bifidobacterium bifidum G9-⁠1, and Bifidobacterium longum MM-⁠2) improve rhinoconjunctivitis-specific quality of life in individuals with seasonal allergies: A double-blind, placebo-controlled, randomized trial. » The American Journal of Clinical Nutrition, Vol. 105, No. 3 (2017): 758–767.
  10. Costa, D.J., et autres. « Efficacy and safety of the probiotic Lactobacillus paracasei LP-⁠33 in allergic rhinitis: A double-blind, randomized, placebo-controlled trial (GA2LEN Study). » European Journal of Clinical Nutrition, Vol. 68, No. 5 (2014): 602–607.
  11. Singh, A., et autres. « Immune-modulatory effect of probiotic Bifidobacterium lactis NCC2818 in individuals suffering from seasonal allergic rhinitis to grass pollen: An exploratory, randomized, placebo-controlled clinical trail. » European Journal of Clinical Nutrition, Vol. 67, No. 2 (2013): 161–167.