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La neuropathie périphérique : Une prise en charge intégrative et efficace

La neuropathie périphérique, ou simplement neuropathie, est une affection qui concerne les nerfs en dehors du cerveau et de la moelle épinière. Elle se manifeste le plus souvent par un engourdissement ou des picotements, généralement dans les mains et les pieds. La sensation ressemble à un « endormissement » persistant des extrémités. La gravité d’une neuropathie peut aller de la simple gêne à la douleur extrême et invalidante, dans les cas les plus graves [1][2].

D’après la Clinique Mayo [1], les symptômes couramment associés à la neuropathie sont les suivants :

  • Déclenchement progressif d’un engourdissement, de fourmillements, ou de picotements dans les pieds ou les mains, pouvant s’étendre aux jambes et aux bras ;
  • Manque de coordination et chutes ;
  • Sensation de douleur vive ou lancinante, de piqure, de froid ou de brulure ;
  • Sensibilité extrême au toucher ; et
  • Faiblesse ou paralysie musculaire si les nerfs moteurs sont atteints.

La neuropathie peut être due à de nombreux facteurs, les plus courants étant un traumatisme physique, une maladie métabolique (diabète), une sclérose en plaques, une chimiothérapie, certains antibiotiques, ou encore l’abus d’alcool [1][2]. Dans le diabète, l’hyperglycémie chronique endommage les nerfs très fins qui irriguent les doigts et les orteils. La destruction auto-⁠immune des gaines de myéline qui caractérise le processus pathologique de la sclérose en plaques est souvent à l’origine d’une neuropathie. Enfin, celle-ci est un effet secondaire courant des traitements chimiothérapeutiques actuels et de certains antibiotiques.

Dans notre pratique, le diabète et la sclérose en plaques sont des causes fréquentes de neuropathie légère à modérée, alors que la chimiothérapie provoque généralement une neuropathie vraiment grave, pouvant entrainer l’interruption du traitement tant qu’elle subsiste. Il va sans dire qu’il est particulièrement important, dans de nombreux cas, de disposer de stratégies efficaces pour soulager la neuropathie.

Trois grandes solutions émergent en matière de produits de santé naturels pouvant agir sur la neuropathie : l’acide alpha-lipoïque (AAL), l’acétyl-l-carnitine (ALC), et la benfothiamine. Les trois ont démontré, par des études menées sur des humains, qu’ils aidaient à soulager les symptômes associés à la neuropathie. Le plus étudié des trois est l’acide alpha-lipoïque.

Dans notre pratique, le traitement de base contre une neuropathie légère à modérée est la prise de 150 à 300 mg d’AAL deux fois par jour (soit 300 à 600 mg/j au total). Nous constatons qu’il s’agit d’un moyen extrêmement efficace, car le soulagement survient en général dans les jours qui suivent le début de la supplémentation.

La Dre Jill Shainhouse, ND, a initié une stratégie concernant les neuropathies graves qui constituent un effet secondaire courant des chimiothérapies. Elle a mis en œuvre un traitement dans lequel les trois produits de santé naturels — acide alpha-lipoïque, acétyl-l-carnitine, et benfothiamine — sont associés. Cette combinaison de produits naturels s’est révélée efficace pour prendre en charge et soulager la douleur des neuropathies graves dans un bon nombre de cas.

Acide alpha-lipoïque

Un grand nombre d’études menées sur des humains ont démontré, de façon reproductible, que l’acide alpha-lipoïque constitue un traitement très efficace contre les neuropathies périphériques. L’AAL est généralement étudié pour les neuropathies associées au diabète, bien que quelques études l’aient évalué aussi pour les neuropathies liées à la sclérose en plaques. La plupart des études administrent l’AAL sous forme d’injection intraveineuse (IV), mais la prise par voie orale a également un effet très important.

Une méta-analyse a combiné les données de 15 études menées sur des humains. Une dose d’AAL de 300 à 600 mg/j (généralement sous forme d’IV) a démontré une grande efficacité contre la douleur chez des personnes diabétiques. Les personnes recevant de l’AAL signalaient quatre fois plus d’améliorations significatives que les personnes n’en recevant pas [3]. Dans une autre méta-analyse de 13 études, l’ajout d’AAL à la prescription habituelle pour la neuropathie apportait une efficacité significativement supérieure à la prescription seule [4].

On notera que l’effet de l’AAL ne se limite pas à la neuropathie : des données récentes démontrent qu’il a également un impact métabolique important sur le diabète. Une méta-analyse de 24 études portant sur des personnes diabétiques a révélé que l’AAL fait baisser la glycémie à jeun, le HbA1C, l’insuline circulante, les triglycérides, et le cholestérol LDL [5].

Acétyl-ʟ-Carnitine

De même, des études menées sur des humains ont démontré que l’ALC joue un rôle important pour soulager les symptômes de nombreux types de neuropathie. La posologie est généralement de 1000 mg d’ALC deux fois par jour (soit 2000 mg/j au total). La l-carnitine a de nombreuses indications, notamment l’amélioration de l’activité cardiaque, des maladies neurodégénératives, et de la fertilité masculine, ou encore l’amélioration du métabolisme des lipides — mais restons centrés sur le sujet de la neuropathie…

On a pu démontrer que l’ALC soulageait les symptômes de neuropathie liée au diabète [6][7] ou à la chimiothérapie [8][9], ainsi que la douleur sciatique provoquée par une hernie discale [10].

Benfothiamine

La benfothiamine est un dérivé S-⁠acylé de la thiamine (vitamine B1) [11]. Sa biodisponibilité est 3,6 fois plus élevée que celle des sels de thiamine courants, et permet d’atteindre des concentrations sanguines cinq fois plus élevées [12]. La posologie va de 100 à 600 mg/j.

Plusieurs études ont cherché à évaluer l’effet de la benfothiamine sur la neuropathie dans divers contextes, mais certaines d’entre elles n’ont révélé aucun impact significatif. Nous avons néanmoins relevé quatre études menées sur des humains démontrant un effet significatif de la benfothiamine sur la neuropathie [13][14][15][16]. Si nous avons une préférence pour l’AAL comme traitement primaire de la neuropathie, la benfothiamine a sans doute un rôle à jouer, et la combinaison des produits naturels dont il est question dans cet article est souvent nécessaire au soulagement des formes graves de neuropathie.

On notera également que l’alcool nuit fortement à l’absorption de la thiamine, et que l’alcoolisme à long terme s’accompagne d’une carence en thiamine. À son tour, cette carence favorise directement la dépression et d’autres problèmes de santé psychique chez les personnes dépendantes de l’alcool. En raison de sa biodisponibilité supérieure à celle des produits standards à base de thiamine, on s’est intéressé à l’utilisation de la benfothiamine chez les personnes dépendantes de l’alcool.

Les auteurs d’une étude portant sur 85 hommes adultes en sevrage alcoolique concluent que la benfothiamine (600 mg/j) semble réduire la détresse psychique et pourrait faciliter le rétablissement des personnes gravement affectées par l’alcoolisation. La vitamine B1 active devrait être considérée comme un traitement d’appoint pour la réhabilitation postalcoolique [17]. Dans une étude portant sur des hommes et des femmes alcooliques n’étant pas en quête de traitement [18], la supplémentation en benfothiamine a permis, sur une période de traitement de 24 semaines, de réduire de façon significative la consommation d’alcool, quoique seulement chez les femmes.

Conclusion

La neuropathie est une affection assez fréquente, aux causes multiples. Les personnes atteintes de sa forme bénigne la trouvent gênante et sont souvent à la recherche d’un traitement. Sa forme grave peut entrainer une douleur invalidante. Pour les patients suivant une chimiothérapie, cela peut conduire à différer un traitement qui pourrait leur sauver la vie. Dans d’autres contextes, l’enjeu est de vivre avec une douleur intense et permanente. L’AAL, qui donne souvent de bons résultats — très rapidement dans la plupart des cas —, est notre meilleure option pour traiter la neuropathie. Pour les formes plus graves de neuropathie, une combinaison d’AAL, d’ALC, et de benfothiamine est à envisager sérieusement.

Références

  1. Mayo Clinic Staff. Peripheral neuropathy. · https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/peripheral-neuropathy/symptoms-causes/syc-20352061 · Consulté le 2019-03-01.
  2. Wikipedia. Peripheral neuropathy. · https://en.wikipedia.org/wiki/Peripheral_neuropathy · Mis à jour le 2019-02-07. · Consulté le 2019-03-01.
  3. Han, T., et autres. « A systematic review and meta-analysis of α-lipoic acid in the treatment of diabetic peripheral neuropathy. » European journal of endocrinology, Vol. 167, N° 4 (2012): 465–471.
  4. Jiang, D.Q., et autres. « Fasudil combined with methylcobalamin or lipoic acid can improve the nerve conduction velocity in patients with diabetic peripheral neuropathy: A meta-analysis. » Medicine, Vol. 97, N° 27 (2018): e11390.
  5. Akbari, M., et autres. « The effects of alpha‐lipoic acid supplementation on glucose control and lipid profiles among patients with metabolic diseases: A systematic review and meta‐analysis of randomized controlled trials. » Metabolism, Vol. 87 (2018): 56–69.
  6. Li, S., et autres. « Effects of acetyl-l-⁠carnitine and methylcobalamin for diabetic peripheral neuropathy: A multicenter, randomized, double-blind, controlled trial. » Journal of diabetes investigation, Vol. 7, N° 5 (2016): 777–785.
  7. Uzun, N., et autres. « Peripheric and automatic neuropathy in children with type 1 diabetes mellitus: The effect of l-⁠carnitine treatment on the peripheral and autonomic nervous system. » Electromyography and clinical neurophysiology, Vol. 45, N° 6 (2005): 343–351.
  8. Campone, M., et autres. « A double-blind, randomized phase II study to evaluate the safety and efficacy of acetyl-l-⁠carnitine in the prevention of sagopilone-induced peripheral neuropathy. » The oncologist, Vol. 18, N° 11 (2013): 1190–1191.
  9. Bianchi, G., et autres. « Symptomatic and neurophysiological responses of paclitaxel- or cisplatin-induced neuropathy to oral acetyl-l-⁠carnitine. » European journal of cancer, Vol. 41, N° 12 (2005): 1746–1750.
  10. Memeo, A., et M. Loiero. « Thioctic acid and acetyl-l-⁠carnitine in the treatment of sciatic pain caused by a herniated disc: A randomized, double-blind, comparative study. » Clinical drug investigation, Vol. 28, N° 8 (2008): 495–500.
  11. Wikipedia. Benfotiamine. · https://en.wikipedia.org/wiki/Benfotiamine · Mis à jour le 2019-01-10. · Consulté le 2019-02-28.
  12. Panel on Food Additives and Nutrient Sources added to Food. « Scientific opinion: Benfotiamine, thiamine monophosphate chloride and thiamine pyrophosphate chloride, as sources of vitamin B1 added for nutritional purposes to food supplements. » EFSA journal. European Food Safety Authority, Vol. 864 (2008): 1–31.
  13. Nikolić, A., et autres. «  [The effect of benfothiamine [sic] in the therapy of diabetic polyneuropathy] » [article en serbe]. Srpski arhiv za celokupno lekarstvo, Vol. 137, N° 11–12 (2009): 594–600.
  14. Stracke, H., et autres. « Benfotiamine in diabetic polyneuropathy (BENDIP): Results of a randomised, double blind, placebo-controlled clinical study. » Experimental and clinical endocrinology & diabetes, Vol. 116, N° 10 (2008): 600–605.
  15. Haupt, E., H. Ledermann, et W. Köpcke. « Benfotiamine in the treatment of diabetic polyneuropathy—A three-week randomized, controlled pilot study (BEDIP study). » International journal of clinical pharmacology and therapeutics, Vol. 43, N° 2 (2005): 71–77.
  16. Winkler, G., et autres. « Effectiveness of different benfotiamine dosage regimens in the treatment of painful diabetic neuropathy. » Arzneimittel-Forschung, Vol. 49, N° 3 (1999): 220–224.
  17. Manzardo, A.M., et autres. « Change in psychiatric symptomatology after benfotiamine treatment in males is related to lifetime alcoholism severity. » Drug and alcohol dependence, Vol. 152 (2015): 257–263.
  18. Manzardo, A.M., et autres. « Double-blind, randomized placebo-controlled clinical trial of benfotiamine for severe alcohol dependence. » Drug and alcohol dependence, Vol. 133, N° 2 (2013): 562–570.