La vérité sur les probiotiques : Leur bienfaits pour la santé et la science qui les soutient
Le 12 septembre 2020, dans son émission talk show The Tonic, Jamie Bussin a interviewé le naturopathe Philip Rouchotas sur les bienfaits pour la santé et les fondements scientifiques des probiotiques. Ce qui suit est un extrait de leur dialogue. Pour écouter l’interview complète en anglais, visitez thetonic.ca ou youtube.com/newrootsherbal
J : J’espère que la conversation d’aujourd’hui va aider tout le monde à améliorer sa santé. Alors, parlons donc des probiotiques.
P : C’est un sujet à propos duquel j’adore parler. Les probiotiques sont de fascinants petits organismes ; ce sont des bactéries vivantes. Beaucoup d’espèces différentes vivent dans notre tractus digestif. En fait, il y a dix fois plus de bactéries qui vivent dans nos intestins par rapport au nombre de cellules de notre corps. Ce concept est éberluant. Ces petits organismes interagissent intimement avec notre corps, et chaque jour, nous en apprenons davantage sur leurs effets sur la santé humaine.
J : Je suis d’accord, et c’est encore plus ahurissant que ce que nous pourrions penser. Les probiotiques influencent la digestion et l’assimilation des nutriments, mais font tellement d’autres choses aussi. Alors, quels sont les bienfaits pour la santé de la prise de probiotiques ?
P : La liste des problèmes de santé courants qui sont modifiés positivement par les probiotiques est presque sans fin. Le premier auquel nous pouvons penser est la digestion. Nous savons que pour les problèmes digestifs, que ce soit le syndrome du côlon irritable (SCI), la constipation, la colite ulcéreuse, ou même la maladie de Crohn, de multiples études menées sur des humains ont démontré que les probiotiques peuvent vraiment aider.
P : De nombreuses personnes connaissent le concept selon lequel la majeure partie de notre système immunitaire réside dans l’intestin, en particulier l’intestin grêle. Des milliards de microorganismes y vivent et y interagissent intimement avec notre système immunitaire, en favorisant la tolérance. Pour l’expliquer, pensez aux allergies saisonnières. Le pollen, les graminées, et l’herbe à poux sont des éléments normaux dans la nature. Lorsque vous sortez, s’ils provoquent une réponse immunitaire, cela signifie que vous avez perdu la tolérance. Vous réagissez à quelque chose auquel vous n’êtes pas censé réagir. Ces microorganismes qui interagissent avec notre système immunitaire aident à atteindre et à maintenir la tolérance; ils lui disent : « Hé, je suis un corps étranger, je suis une bactérie, pas une cellule humaine, mais c’est correct que je sois ici. Calme-toi ! Ne réagis pas ! » Ce faisant, ils limitent la liste des maladies qui peuvent être induites.
J : Alors, si nous n’avons pas une santé et une flore équilibrées, est-ce que ces maladies se manifestent ? Est-ce que notre corps lutte contre ces maladies, ou y est-il sensible ? Qu’est-ce qui se passe ?
P : Globalement, ces microorganismes qui interagissent avec votre système immunitaire le calment. Ils l’informent qu’un certain niveau de substances étrangères est acceptable. Lorsque vous perdez cette tolérance, le système immunitaire commence à attaquer ses propres tissus.
P : Un déséquilibre du microbiote contribue directement à des troubles tels que l’arthrite et les maladies inflammatoires de l’intestin — même aux maux de tête chroniques et à une liste de maladies de la peau incluant l’eczéma, le psoriasis, et l’acné. Beaucoup de gens ont déjà entendu l’expression « votre intestin est comme votre deuxième cerveau ». Vous avez en fait plus de sérotonine dans votre intestin que dans votre cerveau. Nous réalisons maintenant que les probiotiques ont également un effet très profond sur la santé mentale. De nombreuses études montrent que si vous commencez à prendre un probiotique, l’humeur s’améliore et vous vous sentez moins anxieux. Cela est dû à la connexion entre le tube digestif et le cerveau, notamment à travers les multiples propriétés des probiotiques.
P : J’ai peut-être laissé entendre qu’ils ralentissent l’immunité. Ce n’est pas exact. Ils font en fait quelque chose de presque miraculeux. D’une part, ils bloquent des pans de l’immunité qui peuvent conduire à une maladie auto-immune, et d’autre part au même moment, ils sont en mesure de renforcer d’autres composantes de l’immunité qui nous aident à combattre l’infection. Un tas d’études menées sur des humains montrent que si vous prenez un probiotique, vous êtes moins susceptibles d’avoir un rhume ou la grippe, et si vous l’attrapez, vous récupérerez beaucoup plus rapidement. C’est vraiment remarquable.
J : Manifestement, les humains ont toujours vécu avec des bactéries dans leurs intestins. Ne pouvons-nous pas obtenir assez de ces bons microorganismes grâce à notre alimentation quotidienne ?
P : Les aliments contenant des probiotiques, y compris le yogourt, la choucroute, même les olives — essentiellement tout ce qui est fermenté —, peuvent contribuer à un microbiote en meilleure santé. Les aliments que nous mangeons deviennent de la nourriture — ou des « prébiotiques » — pour ces microorganismes. Il a été clairement démontré que si vous suivez un régime alimentaire à base de malbouffe, cela peut causer des ravages à ce microbiote, alors que si vous consommez une alimentation très riche en légumes et en fruits, vous favorisez un équilibre sain des microorganismes dans l’intestin.
J : Très bien… Revenons aux probiotiques sous forme de suppléments. Si je devais aller en acheter, je verrais quelque chose sur l’emballage faisant référence aux UFC. De quoi s’agit-il ?
P : On parle de bactéries vivantes en termes d’UFC, qui signifie unités formant colonies. C’est simplement un décompte du nombre des bactéries présentes dans le produit que vous regardez. Une dose adulte standard pour un probiotique est de 10, peut-être 20 milliards par jour. Je sais que ce nombre semble astronomique, mais dans notre petit intestin où la majeure partie de cette magie se passe, il réside 10 à 100 milliards de microorganismes. Donc, si vous en prenez 10 ou 20 milliards dans une capsule, cela aura un effet significatif sur cette population de microbes.
P : On peut alors se questionner : « Certains produits offrent 50, 100, voire 120 milliards d’UFC. Donc quand voudrais-je les utiliser ? » Parfois, vous voudrez peut-être prendre soin de votre côlon plus particulièrement, qui lui contient 10 à 100 billions [millions de millions] de microorganismes. Ce nombre semble irréel, mais il est juste. Alors, si vous voulez atteindre le côlon, vous devez considérer des doses plus importantes de probiotiques. Si vous voulez avoir un effet dans une population de 10 à 100 billions, 10 milliards ne feront pas grand-chose. Donc lorsque vous savez que vous avez un problème dans le côlon, comme la colite ulcéreuse ou même la maladie de Crohn, vous envisagez une dose plus élevée. Vous voudrez aussi une dose plus élevée pour récupérer d’une prescription d’antibiotiques.
J : Très bien. Donc, quelle est la forme la plus efficace de probiotiques ?
P : Il y a plusieurs facteurs à considérer, mais oui, le marché des probiotiques peut être un endroit difficile où s’y retrouver. Je me sens désolé pour le consommateur qui entre dans un magasin de produits de santé naturels, et qui se voit submergé par ce qu’il observe dans un réfrigérateur ou sur un rayon. Premier point : cherchez un probiotique multisouches. Près de 1 000 espèces différentes de bactéries vivent dans votre intestin. Vous voulez en prendre un qui contient entre 10 et 20 types différents de probiotiques, donc multisouches. Deuxièmement : vous voulez un probiotique réfrigéré. Ces dernières années, le concept de probiotiques stables à température ambiante a été moussé, mais je m’y oppose. Certaines espèces peuvent survivre à température ambiante, mais la plupart se dégradent très rapidement. Les souches de Bifidobacterium, un groupe thérapeutique important, meurent complètement après 30 jours à température ambiante.
P : Vous voulez aussi un produit avec enrobage entérique. Rappelez-vous : ce sont des bactéries vivantes. Or, votre estomac est si acide que les probiotiques ne peuvent y survivre. Je blague souvent en disant que si vous mettiez votre main dans votre estomac, vous n’auriez plus de main. Avec l’enrobage entérique, la capsule ne s’ouvrira que dans votre intestin. Elle est conçue de telle manière — pensez à la science alimentaire — qu’elle ne se désintègre pas dans l’estomac. Mais dès qu’elle entre dans le petit intestin, elle s’ouvre. Votre corps régit des mécanismes qui neutralisent l’acide gastrique dans l’intestin grêle supérieur. Ce changement d’un pH très acide à un pH neutre déclenche la désintégration de l’enrobage entérique et de la capsule, libérant ainsi les probiotiques vivants dans l’intestin grêle. La science est très claire à ce sujet : prenez deux probiotiques identiques, un à enrobage entérique, l’autre sans ; celui à enrobage entérique achemine jusqu’à cinq fois plus de bactéries vivantes à votre intestin.
P : Donc les trois éléments clés à garder en tête lorsque vous cherchez un probiotique sont : l’enrobage entérique, la réfrigération, et les multisouches.
J : Très bien… Vous avez mentionné le nombre de bactéries, mais vous mentionnez aussi la détérioration. À partir du moment où le produit est fabriqué, ces chiffres reflètent-ils ce que nous obtenons réellement ? Ou sont-ils plus représentatifs de ce qui a été initialement mis en bouteille ?
P : Excellente question ! Malheureusement, cela change d’une marque à l’autre. Trouvez un magasin d’aliments naturels auquel vous faites confiance, et parlez au personnel. Certaines marques indiquent la quantité de probiotiques, les UFC, au moment de la fabrication. Il y a certainement une dégradation, selon la façon dont les produits sont transportés et le temps. Celle-ci est moindre lorsque le produit est conservé au réfrigérateur, mais quand même. Certaines entreprises indiquent le nombre d’unités formant colonies au moment de l’expiration. Vous trouverez des entreprises qui garantissent qu’au moment de l’expiration — en supposant que le produit ait été conservé au réfrigérateur —, vous bénéficieriez du nombre de bactéries qui est indiqué sur l’étiquette.