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Les multiples aspects de la santé du foie


La santé du foie, ou « détoxication hépatique », est un terme que l’on entend beaucoup
en médecine complémentaire. Mais la représentation populaire de ce qu’est le foie tend à
simplifier à l’extrême les nombreux rôles qu’il joue, sous-estimant souvent toute la gamme
des facteurs qui influencent une bonne activité hépatique. Cet article va aborder plusieurs
des fonctions importantes du foie concernant la santé, et les façons dont nous pouvons
les améliorer.
 

Métabolisme des substances étrangères

Le foie décompose les substances internes et externes grâce à un processus en deux
parties, appelées détoxication de phases 1 et 2, au cours desquelles ces substances
sont catalysées par des enzymes hépatiques spécifiques [1].

La phase 1 consiste à soumettre ces toxines liposolubles à des réactions d’hydrolyse ou
d’oxydation, produisant des métabolites plus polarisés. Curieusement, les sous-produits
de cette étape sont en réalité plus réactifs et nocifs que les toxines initiales. Il n’est donc
pas souhaitable d’accroitre l’activité des enzymes de phase 1 (enzymes P450). Les
enzymes de phase 2 absorbent ces métabolites polarisés et les rendent hydrosolubles
par réaction de conjugaison [1]. Les métabolites sont alors moins réactifs et peuvent être
plus facilement éliminés par les reins. L’exposition à certaines toxines — comme l’alcool,
la fumée de cigarette, la caféine, les graisses saturées, et les résidus de pesticides —
entrainent une suractivation des systèmes de détoxication de phase 1. Inversement, une
supplémentation avec certains agents nutritionnels tels que la N-⁠acétylcystéine (NAC),
les vitamines B, et une large gamme d’acides aminés permet d’augmenter l’activation
des réactions de phase 2. Certaines plantes comme le chardon-Marie (Silybum
marianum
) peuvent aussi aider à protéger des lésions les cellules hépatiques au cours
de ces processus [2].

La NAC est un précurseur du glutathion, un puissant antioxydant utilisé dans les
réactions de conjugaison. La supplémentation en NAC est la meilleure façon
d’augmenter les réserves de glutathion, en dehors de la thérapie par injection
intraveineuse, puisque le glutathion n’est pas bien absorbé par voie orale. La NAC
est utilisée en milieu hospitalier comme antidote au surdosage de paracétamol,
qui, s’il n’est pas traité, entraine une insuffisance hépatique aigüe. La NAC
« éponge » le paracétamol avant qu’il ne cause de tels dommages [3].

Le chardon-Marie protège la membrane des cellules hépatiques, qui peut être lésée
par des radicaux libres lors du processus de détoxication [2][4]. Les protéines de
lactosérum en poudre contiennent un assortiment d’acides aminés essentiels qui
sont nécessaires aux réactions de conjugaison des acides aminés [5]. Le lactosérum
(petit-lait) contient aussi de la cystéine, qui augmente, comme la NAC, le taux de
glutathion. La lécithine, riche en choline, est un composant de la membrane cellulaire
également utilisé pour protéger des lésions les cellules hépatiques [6].
 

Homéostasie énergétique

Outre les processus de détoxication, le foie est aussi responsable de l’homéostasie
énergétique et métabolique de l’organisme. Le foie sert par exemple de réservoir aux
triglycérides (graisses) et au glycogène, une molécule qui, une fois décomposée,
produit du glucose pour approvisionner en énergie les cellules « à jeun ». Ces
processus sont appelés la néoglucogenèse et la glycogénolyse.

Dans le cas contraire, si l’organisme est suffisamment nourri, l’insuline signale au foie
d’absorber et de stocker les graisses et le glucose. En situation de suralimentation
chronique, le taux d’insuline augmente, et des maladies comme la stéatose hépatique,
l’hypercholestérolémie, et le diabète peuvent survenir. La stéatose hépatique et le
diabète entrainent une dégradation lente et insidieuse du foie. L’activité physique et le
contrôle du poids sont donc essentiels pour améliorer la santé hépatique. En outre, le
fait de limiter les aliments transformés, les sucreries et boissons sucrées, la restauration
rapide, les fritures, etc. est important pour la bonne santé du foie. Les compléments
alimentaires qui favorisent l’activité de l’insuline, comme le chrome ou l’inositol, peuvent
également être utiles pour le foie [7][8]. La curcumine permet aussi de lutter contre la
résistance à l’insuline [9].

Le foie est également responsable du maintien de la quantité de protéines dans
l’organisme. Il peut synthétiser des protéines à partir des acides aminés essentiels, qui
doivent être obtenus par l’alimentation. De plus, le foie est responsable de la synthèse
de la principale protéine osmotique sanguine, l’albumine. La fonction de l’albumine est
de réguler le volume sanguin, et d’éviter ainsi la rétention d’eau, comme dans l’œdème
des jambes ou l’ascite de l’abdomen. Il est aussi très important de maintenir une bonne
tension artérielle. Si le taux d’albumine est faible, la tension tombe à un niveau
anormalement bas, compromettant l’apport d’oxygène et de nutriments aux autres
organes.
 

Régulation hormonale

Pour finir, le foie est associé de façon complexe à la régulation hormonale, notamment celle
des hormones thyroïdiennes
et des hormones sexuelles.

L’activité thyroïdienne normale comporte la production de thyroxine (T4) et de
triiodothyronine (T3), les deux
« hormones thyroïdiennes ».
Ces hormones régulent le
métabolisme d’à peu près
toutes les cellules de l’organisme. L’hormone T3, la plus active, est convertie à
partir de la T4. L’organisme a développé plusieurs moyens de réguler l’activité de la T3.
Le foie, les reins, et la glande thyroïde contiennent l’enzyme désiodase de type 1 (D1),
qui convertit la T4 en T3[10]. Selon le Dr Sandberg-Lewis, grâce à ce mécanisme, le
foie est à l’origine d’environ 80 % de la T3[11]. Il est intéressant de noter que,
réciproquement, le statut hormonal thyroïdien a une forte influence sur l’activité
hépatique, de telle sorte qu’un faible taux d’hormones thyroïdiennes peut contribuer
à la stéatose hépatique [11].

D’autre part, le foie est aussi impliqué dans la régulation du taux d’œstrogènes dans
l’organisme. Il est responsable de la conjugaison des œstrogènes et d’autres hormones,
et les envoie vers l’intestin pour leur élimination [12]. Les nutriments concernés par les
réactions de conjugaison (voir ci-dessus) peuvent améliorer l’efficacité de ce processus,
mais l’organisme a aussi besoin d’un bon fonctionnement intestinal pour bien éliminer.
C’est le « talon d’Achille », souvent négligé, de l’activité hépatique.

Il existe une boucle de transport spécialisée appelée circulation ou recyclage entéro
-hépatique
. Les substances sont absorbées depuis l’intestin vers les vaisseaux
sanguins qui alimentent directement la veine porte du foie, donnant à celui-ci un
« avantage compétitif » pour le traitement des nutriments. Les sous-produits
biochimiques sont ensuite déversés depuis le foie vers l’intestin pour être éliminés.
Si l’intestin ne parvient pas à les éliminer régulièrement, ces sous-produits peuvent
être réabsorbés par le système sanguin et réintroduits dans le foie. Dans le cas
contraire, s’il y a une prolifération d’espèces bactériennes telles que Clostridia, qui
expriment l’enzyme β-⁠glucuronidase et ont la capacité de « déconjuguer » les
œstrogènes en les libérant pour être réabsorbés ; cela peut entrainer une
augmentation du recyclage des œstrogènes de l’intestin vers le foie [14]. Des
études ont aussi démontré qu’une supplémentation en probiotiques entrainait une
élimination 2,4 fois plus importante et plus rapide du xénœstrogène bisphénol A
(BPA) [15]. Assurer un bon fonctionnement digestif est donc également essentiel
pour optimiser l’activité hépatique et le métabolisme hormonal.

Pour conclure, rappelons que le foie est un acteur central de la détoxication et de
l’élimination des substances étrangères ainsi que des sous-produits biochimiques
endogènes. Il est responsable de l’homéostasie énergétique, ainsi que du stockage
et de la libération d’énergie en réponse à des hormones comme l’insuline. Le foie
est enfin en partie responsable du maintien d’un taux adapté d’hormones
thyroïdiennes et de la bonne élimination des œstrogènes, pour éviter une trop
grande stimulation par ceux-ci des tissus sensibles aux hormones. Consultez votre
naturopathe pour en savoir plus sur les façons de prendre soin de votre foie !

 

Références

  1. Grant, D.M. « Detoxification pathways in the liver. » Journal of Inherited Metabolic
    Disease
    Vol. 14, N° 4 (1991): 421–430.
  2. Vargas-Mendoza, N., et autres. « Hepatoprotective effect of silymarin. » World
    Journal of Hepatology
    Vol. 6, N° 3 (2014): 144–149.
  3. Yoon, E., et autres. « Acetaminophen-induced hepatotoxicity: A comprehensive
    update. » Journal of Clinical and Translational Hepatology Vol. 4, N° 2 (2016):
    131–142.
  4. Surai, P.F. « Silymarin as a natural antioxidant: An overview of the current evidence
    and perspectives. » Antioxidants Vol. 4, N° 1 (2015): 204–247.
  5. Chitapanarux, T., et autres. « Open-labeled pilot study of cysteine-rich whey protein
    isolate supplementation for nonalcoholic steatohepatitis patients. » Journal of
    Gastroenterology and Hepatology
    Vol. 24, N° 6 (2009): 1045–1050.
  6. Buchman, A.L., et autres. « Lecithin increases plasma free choline and decreases
    hepatic steatosis in long-term total parenteral nutrition patients. » Gastroenterology
    Vol. 102, N° 4 Partie 1 (1992): 1363–1370.
  7. Muscogiuri, G., et autres. « Inositols in the treatment of insulin-mediated
    diseases. » International Journal of Endocrinology Vol. 2016 (2016): 3058393.
  8. Hua, Y., et autres. « Molecular mechanisms of chromium in alleviating insulin
    resistance. » The Journal of Nutritional Biochemistry Vol. 23, N° 4 (2012):
    313–319.
  9. Na, L.X., et autres. « Curcuminoids exert glucose-lowering effect in type 2
    diabetes by decreasing serum free fatty acids: A double-blind, placebo-controlled
    trial. » Molecular Nutrition & Food Research Vol. 57, N° 9 (2013): 1569–1577.
  10. Mullur, R., Y.Y. Liu, et G.A. Brent. « Thyroid hormone regulation of metabolism. »
    Physiological Reviews Vol. 94, N° 2 (2014): 355–382.
  11. Sandberg-Lewis, S. The liver, thyroid, & MetS. ·
    http://ndnr.com/gastrointestinal/the-liver-thyroid-mets/ · Mise à jour le 2016-⁠01-⁠11 ·
    Consultée le 2017-⁠12-⁠15.
  12. Tsuchiya, Y., M. Nakajima, et T. Yokoi. « Cytochrome P450-⁠mediated metabolism
    of estrogens and its regulation in human. » Cancer Letters Vol. 227, N° 2 (2005):
    115–124.
  13. Raftogianis, R., et autres. « Chapter 6: Estrogen Metabolism by Conjugation. »
    In JNCI Monographs, Vol. 2000, N° 27 (2000): 113–124.
  14. Flores, R., et autres. « Fecal microbial determinants of fecal and systemic
    estrogens and estrogen metabolites: A cross-sectional study. » Journal of
    Translational Medicine
    Vol. 10 (2012): 253.
  15. Oishi, K., et autres. « Effect of probiotics, Bifidobacterium breve and Lactobacillus
    casei
    , on bisphenol A exposure in rats. » Bioscience, Biotechnology, and
    Biochemistry
    Vol. 72, N° 6 (2008): 1409–1415.

 

 Heidi Fritz, MA, ND

 Practicienne de naturopathie depuis 2007, elle s'intéresse à la
 santé des femmes et des enfants, à la douleur chronique, et
 plus.