Comment bien choisir une multivitamine
La plupart des gens reconnaissent aujourd’hui les avantages de compléter son apport nutritionnel alimentaire avec des micronutriments supplémentaires sous la forme d’une multivitamine.
Il existe une pléthore de données démontrant les bienfaits de tels suppléments, notamment auprès des gens aux besoins accrus en nutriments ou dont la capacité à ingérer ou à absorber les nutriments alimentaires a décru. Les personnes âgées, les femmes enceintes, les gens souffrant de problèmes digestifs chroniques, les athlètes, et les individus avec un apport alimentaire restreint tels que les enfants « difficiles » qui peuvent manger mal, en sont de bons exemples. En dépit de cette connaissance générale, beaucoup de gens restent confus au sujet de ce qu’il faut rechercher dans une multivitamine.
Caractéristiques à rechercher :
- Une formule sans vitamine A ni bêta-carotène
- Des formes activées de vitamines B, dont la B12 et l’acide folique
- Une dose non négligeable de vitamines B — entre 25 à 50 mg de chacune
- De la vitamine D à 1000 UI (25 mcg)
L’importance des vitamines B activées provient du fait que beaucoup d’individus n’ont pas les nombreuses enzymes requises pour activer les vitamines B que l’on retrouve dans la plupart des suppléments. Les scientifiques reconnaissent de plus en plus que de nombreux gens sont porteurs de polymorphismes génétiques de nucléotides simples (PNS) qui modifient l’activité des enzymes. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne l’acide folique et la vitamine B12. Le methylfolate et les formes de méthylcobalamine sont les formes actives les plus facilement utilisées par l’organisme et ne nécessitent aucune conversion supplémentaire. La même chose est vraie pour d’autres vitamines B : les suppléments contenant les formes déjà activées évitent au corps de convertir les vitamines avant leur utilisation. Idéalement, une multivitamine contiendra une dose convenable de vitamines B. Alors que certaines multivitamines peuvent contenir de 5 à 10 mg ou même moins, nous préférons un minimum de 25 mg, sinon même 50 mg, de chaque vitamine B.
De même, un dosage adéquat de vitamine D est important. Bien que l’apport journalier recommandé en vitamine D ait récemment été augmenté à 600 UI pour les adultes de 70 ans et moins, un consensus général parmi les scientifiques étudiant la vitamine D souligne que cette dose est beaucoup trop faible ; de nombreux gens ont besoin de plus grandes quantités. Nous essayons donc d’obtenir au moins 1000 UI de vitamine D à partir d’une multivitamine. Certaines personnes peuvent avoir besoin d’un supplément additionnel de vitamine D, mais pour les personnes aux niveaux adéquats de vitamine D, 1000 UI semble être une dose de base raisonnable.
Des données scientifiques émergentes suggèrent une absence de bénéfice et des dommages possibles avec une supplémentation en vitamine A ou en bêta-carotène.
Ces importantes données se rapportent à une série d’études menées en Tanzanie auprès de femmes enceintes et de leurs enfants. Cette série d’études visait à déterminer l’impact d’une supplémentation de multivitamine sur 1075 femmes séropositives enceintes. La Tanzanie est reconnue pour ses problèmes de malnutrition généralisés. Les femmes ont reçu l’une des trois interventions suivantes :
- Une multivitamine régulière
- Une multivitamine sans vitamine A ni bêta-carotène
- Un placébo
Les résultats ont démontré que les femmes recevant une multivitamine sans vitamine A ni bêta-carotène ont connu les bienfaits suivants : prise de poids accrue au cours des deuxième et troisième trimestres, risque réduit de mortalité maternelle, risque réduit de progression du VIH chez la mère, risque réduit d’hypertension pendant la grossesse, et mesures de développement de l’enfant accrues (l’indice de développement psychomoteur a augmenté et le risque de retard de développement a diminué à 18 mois). On a également noté une diminution de la mortalité infantile et de la transmission du VIH de la mère à l’enfant avec l’usage d’une multivitamine sans vitamine A [1–5].
D’autre part, les femmes qui ont pris une multivitamine contenant de la vitamine A et du bêta-carotène n’ont constaté aucun bienfait par rapport au placébo. En fait, il a été démontré que la vitamine A a augmenté la transmission du VIH de la mère à l’enfant [2]. Il semble que même dans cette population à carence extrême en nutriments, la vitamine A et le bêta-carotène ont non seulement livré aucun avantage, mais ont apparemment éliminé les autres avantages envisagés d’une multivitamine. Il semble peu probable que ces nutriments exercent des bienfaits sur la population nord-américaine, qui est bien nourrie. Cela est particulièrement vrai lorsque l’on considère l’omniprésence de la fortification en vitamine A dans les céréales et la farine produites en Amérique du Nord : il n’y a pratiquement pas d’incidence de carence en vitamine A en occident.
Références
- Fawzi, W.W., et autres. « A randomized trial of multivitamin supplements and HIV disease progression and mortality. » The New England Journal of Medicine Vol. 351,
N° 1 (2004): 23–32. - Fawzi, W.W., et autres. « Randomized trial of vitamin supplements in relation to transmission of HIV-1 through breastfeeding and early child mortality. » AIDS Vol. 16,
N° 14 (2002): 1935–1944. - McGrath, N., et autres. « Effect of maternal multivitamin supplementation on the mental and psychomotor development of children who are born to HIV-1–infected mothers in Tanzania. » Pediatrics Vol. 117,
N° 2 (2006): e216–e225. - Merchant, A.T., et autres. « Multivitamin supplementation of HIV-positive women during pregnancy reduces hypertension. » The Journal of Nutrition Vol. 135,
N° 7 (2005): 1776–1781. - Villamor, E., et autres. « Effect of multivitamin and vitamin A supplements on weight gain during pregnancy among HIV-1–infected women. » The American Journal of Clinical Nutrition Vol. 76,
N° 5 (2002): 1082–1090.