Mesurez ce qui compte
Ce qui importe le plus dans le choix d’un traitement, c’est qu’il aide le patient. Toutefois, certains aspects peuvent en être désagréables ou gênants, mais la plupart des patients comprennent qu’un inconfort temporaire et que des investissements en temps et en ressources sont nécessaires pour aller mieux. En outre, l’efficacité et la survenue des bienfaits attendus sont essentielles dans la réussite du traitement. Dans cette optique, les probiotiques dits stables à température ambiante ou de longue conservation s’avèrent illégitimes, et il est difficile de comprendre tout le battage médiatique qu’ils occasionnent. Après tout, nous avons tous aisément accès à un réfrigérateur, et nous l’utilisons tous quotidiennement. L’idée d’utiliser des probiotiques « de longue conservation » en raison de leur « commodité » est manifestement une fausse solution.
Les probiotiques aiment le froid
La science est très claire : la qualité des probiotiques est préservée avec le froid, tout comme nombre d’aliments courants. La réfrigération fait qu’un plus grand nombre de bactéries présentes dans le produit survivent au fil du temps. Même dans les études utilisant des produits dits « de longue conservation », les auteurs concluent qu’« une température de stockage plus élevée a entraîné une stabilité moindre pour toutes les souches ou tous les échantillons ». Bifidobacterium est particulièrement sensible à la température, et les tests de stabilité à long terme montrent que la viabilité des bifidobactéries vivantes diminue avec la durée de stockage et avec l’augmentation de la température. Par exemple, le stockage de Bifidobacterium longum à une température ambiante de 20 °C a entraîné une mortalité significativement plus élevée qu’à 4 °C. Des résultats similaires sont également observés chez Lactobacillus casei et L. paracasei après 39 semaines de stockage à 4 °C et à 22 °C : la stabilité des cultures était remarquablement plus élevée lorsqu’elles étaient conservées sous réfrigération à 4 °C.
À qui profite la « stabilité de conservation » ?
Voici ce que nous savons : il a été prouvé que la réfrigération aide à maintenir la viabilité de tous les probiotiques. Les bactéries présentes dans les probiotiques « de longue conservation » meurent plus rapidement à température ambiante. En outre, la méthode de production courante pour de nombreux probiotiques « de longue conservation » consiste à surcharger le produit pour anticiper la mort des souches probiotiques. Il faut donc vous demander ce que vous obtenez vraiment lorsque vous achetez un probiotique « de longue conservation » douze ou même dix-huit mois après sa production.
Les probiotiques « de longue conservation » servent l’industrie ; pas le consommateur. La vente d’un produit « de longue conservation » réduit en fait les frais d’expédition, et surtout aide à étendre la distribution à davantage de commerces et de pharmacies qui n’ont pas de sections réfrigérées dédiées aux suppléments. Le client sans méfiance se retrouve avec un produit composé, souvent en partie, de souches résistantes à la chaleur choisies pour quelques propriétés de conservation, et non pour leurs bienfaits suffisamment étudiés pour la santé.
La stabilité en rayon répond-elle aux attentes ?
Lactobacillus et Bifidobacterium sont les genres de probiotiques les plus étudiés pour leurs bienfaits pour la santé. Sans surprise, ils sont les plus couramment utilisés dans les produits alimentaires et les suppléments. Ce sont des souches thérapeutiques de probiotiques fragiles mais précieux qui nécessitent une réfrigération pour survivre au stockage. Les souches probiotiques de Bifidobacterium, y compris B. infantis, B. breve, et B. plantarum, font partie de celles qui meurent rapidement à moins d’être réfrigérées. Elles font l’objet d’un nombre très important d’études démontrant leurs bienfaits pour la santé. B. infantis s’avère bénéfique pour les personnes souffrant du syndrome du côlon irritable, de la colite ulcéreuse, ou du syndrome de fatigue chronique. B. breve apporte des bienfaits aux patients atteints de maladies inflammatoires de l’intestin et peut aider à maintenir un poids santé. B. plantarum est une autre souche probiotique bien étudiée, avec des bienfaits pour la performance sportive et en cas de syndrome du côlon irritable ou d’eczéma. Omettre ces souches d’une « formule multisouches » et utiliser des souches plus obscures et moins étudiées simplement parce qu’elles sont plus stables à des températures plus élevées semble peu judicieux. La santé des consommateurs serait bien mieux servie si les fabricants sélectionnaient des souches bénéfiques suffisamment éprouvées, s’ils produisaient des formules probiotiques efficaces, et s’ils les conservaient au réfrigérateur.
Les probiotiques ont la vie dure
Les probiotiques sont des organismes vivants à fort potentiel thérapeutique, mais se heurtent à deux obstacles majeurs : ils doivent d’abord résister aux variations de température et d’humidité pendant la production, le transport, et le stockage. Ensuite, ils sont exposés à un environnement gastro-intestinal rude et inhospitalier, dont la fonction est de les détruire. Par conséquent, il est essentiel d’utiliser un produit à enrobage entérique pour assurer leur survie à travers l’acidité de l’estomac. Dans les études, seules les capsules de probiotiques à enrobage entérique ont pu résister à la dégradation par l’acide agressif de l’estomac. La capacité de survie des probiotiques manufacturés dans des capsules à enrobage entérique à travers l’estomac est nettement supérieure à celle des produits de probiotiques sans enrobage entérique. Les probiotiques sans enrobage entérique sont en fait presque complètement détruits.
Le choix vous appartient
La science démontre que l’utilisation d’un supplément de probiotiques réfrigéré et à enrobage entérique aide à améliorer leur viabilité et leur efficacité. Les probiotiques prétendument stables à température ambiante, ou dits « de longue conservation », peuvent offrir des avantages pour l’industrie, mais laissent le consommateur avec un produit malheureusement en deçà de ses attentes.
Ludovic Brunel, ND
Ludovic Brunel a plus de 15 ans d’expérience en tant que naturopathe et pratique à Calgary. Son approche a toujours été d’améliorer la santé de ses patients en s’appuyant sur les meilleures recherches disponibles.
elevatedhealthcare.ca