Traitement de l'arthrite juvénile idiopathique — Une perspective naturopathique | New Roots Herbal | Produits de Santé Naturels
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Traitement de l'arthrite juvénile idiopathique — Une perspective naturopathique


Qu'est-ce que l’AJI ?

 Anciennement
 nommée polyarthrite   rhumatoïde juvénile,   c’est la maladie   rhumatismale
 infantile la plus   fréquente. Elle est   définie par un groupe   de maladies arthritiques
 chroniques qui   surviennent   normalement chez les   enfants de moins de
 16 ans. Elle a des   conséquences   douloureuses tant pour les enfants que pour les parents qui tentent d’y faire face au quotidien tout en espérant des réponses de la communauté médicale. [1] L'AJI peut se manifester par une raideur matinale, de l’œdème et des articulations douloureuses. Ces symptômes peuvent rendre les enfants incapables de supporter leur poids pendant plusieurs heures chaque matin. Cela force de nombreux enfants à se retirer des activités parascolaires diminuant ainsi considérablement leur qualité de vie.

L'AJI se décline en trois formes : oligoarticulaire, polyarticulaire et systémique, cette dernière étant la forme la plus agressive et la plus grave. L'AJI oligoarticulaire est la forme la plus courante car présente chez 45% des patients. Elle se situe le plus souvent dans les genoux ou les chevilles et atteint un total de quatre articulations ou moins, de manière asymétrique [1] [2]. La JIA polyarticulaire est présente dans environ 25 à 35% des cas. Elle apparait souvent de manière soudaine, et touche cinq articulations ou plus, grandes et petites [1]. L'AJI systémique touche environ 20 à 30% des patients, affectant à la fois les grandes et les petites articulations. Elle débute brusquement et s’accompagne d’une forte fièvre et d’une éruption cutanée de couleur saumon. [1] Le patient peut présenter une faiblesse musculaire, de la douleur et de la sensibilité généralisée. La personne apparait globalement malade, et présente souvent une hypertrophie du foie et de la rate [2].


Diagnostic

Si une AJI est soupçonnée, les
patients doivent être immédiatement
référés à un rhumatologue pédiatre
et à un ophtalmologiste pour assurer le
traitement et éviter les effets préjudiciables
car l'atteinte oculaire
peut conduire à une perte de vision permanente et à la
cécité. [1] Le diagnostic est basé sur une anamnèse complète ainsi que sur les résultats de tests cliniques. Les critères de l'American College of Rheumatology comprennent la présence de symptômes objectifs de l'arthrite, pendant un minimum de six semaines, dans au moins une articulation, chez un patient de moins de 16 ans, et en l'absence d'autres sources de l'arthrite juvénile. [1]

L'évaluation clinique doit déterminer que les articulations présentent des symptômes arthritiques à savoir gonflement, épanchement ou deux des éléments suivants : chaleur, sensibilité, et douleur au repos et lors de mouvements d’amplitude limitée [1]. Il n'y a pas de tests de laboratoire spécifiques pour confirmer un diagnostic d'AJI, cependant certains tests peuvent aider à établir le pronostic : hémogramme incluant des marqueurs inflammatoires (protéine C-réactive PCR, vitesse de sédimentation globulaire VSG), évaluation des fonctions hépatique et rénale, échographie, tomodensitométrie et IRM. [1] [2]


Pronostic

L’amélioration des pronostics ainsi que l'introduction de stéroïdes intra-articulaires et
d'autres médicaments ont considérablement amélioré le pronostic pour les enfants
atteints d'arthrite. [2] Toutefois, des résultats médiocres à long terme ont été associés
à l'arthrite rhumatoïde, maladie systémique et symétrique [2]. Selon l'American College
of Rheumatology, les critères de rémission complète comprennent : pas de douleurs
articulaires inflammatoires, pas de raideur matinale, de fatigue, de synovite, ni de
progression des atteintes, ou d’élévation de PCR ou de VSG. [2] La plupart des
enfants atteints d'une maladie oligoarticulaire arrivent éventuellement à une rémission
permanente ; Cependant, un petit nombre d'enfants voient leur maladie progresser
vers une polyarthrite persistante [2]. On observe une uvéite antérieure (inflammation
de la couche intermédiaire de l'œil) chez près de 20% des enfants atteints d'AJI et,
comme elle est habituellement asymptomatique au début, un examen régulier par un
ophtalmologiste reste essentiel [2]. L'apparition de l'AJI systémique peut entraîner une
maladie rare et mortelle connue sous le nom de syndrome d'activation macrophagique,
lequel entre autres affecte gravement la formule sanguine, entraîne une pression
artérielle extrêmement basse et impacte le système nerveux central [2].


Facteurs de risque et liens génétiques

Bien que l'étiologie reste inconnue, il existe pour l’AJI quelques associations
génétiques et des troubles associés : la spondylarthrite ankylosante, l'arthrite
psoriasique, les MICI (maladies inflammatoires chroniques de l'intestin), le
syndrome de Sjögren, le lupus érythémateux disséminé et le syndrome de
Sharp (connectivite mixte). Les déclencheurs environnementaux chez un
individu génétiquement prédisposé au développement de l'AJI peuvent
inclure le stress psychologique, des perturbations hormonales, des
traumatismes articulaires et des infections bactériennes ou virales (grippe,
adénovirus, oreillons, rubéole, virus d'Epstein-Barr et infection
mycobactérienne) [1].


Traitements thérapeutiques

Une approche pluridisciplinaire du traitement peut être bénéfique pour obtenir
les meilleurs résultats et la meilleure qualité de vie pour le patient. Elle peut
inclure un traitement pharmacologique, des interventions psychosociales, une
thérapie nutritionnelle et complémentaire, des conseils académiques et une
physiothérapie. [2] Les objectifs du traitement consistent à soulager la douleur
et l'inflammation, à préserver la fonction articulaire, à prévenir la progression
de la maladie, à maintenir une croissance et un développement normal et à
préserver un mode de vie le plus équilibré possible [2].


Traitement conventionnel

Le traitement thérapeutique est déterminé par la gravité de la maladie, et son
succès sera établi grâce à des examens physiques et des anamnèses
fréquents [2]. Le traitement de première intention est le méthotrexate, avec
lequel 70 à 80% des personnes présentent une amélioration de 30% des
symptômes [1]. Le méthotrexate peut ralentir la progression des lésions ;
Cependant, il représente aussi une toxicité pour la moelle osseuse, les
poumons, le foie et les reins. Cela peut se traduire par des nausées, des
vomissements, des plaies dans la bouche, une perte d'appétit, la perte de
cheveux et la fatigue. [1] [3] Les AINS sont également utilisés pour leurs
propriétés anti-inflammatoires et analgésiques ; Toutefois, leurs effets
secondaires à long terme peuvent inclure des douleurs, des brûlures et
des ulcères d'estomac, des réactions allergiques et une tendance à saigner
plus [1]. La sulfasalazine, l’hydroxychloroquine et le léflunomide sont des
médicaments alternatifs utilisés lorsque le méthotrexate n’est pas efficace
ou limité par des effets indésirables ; malheureusement, des dommages
rétiniens irréversibles ont été observés chez les patients sous
hydroxychloroquine pendant de longues périodes [1]. La prednisone est
réservée aux patients qui sont affectés par une maladie systémique, ou
comme traitement initial pour tenter de contrôler la maladie [1]. Un petit
nombre de patients atteints d’AJI sévère optent pour des solutions
chirurgicales, notamment le remplacement de tout ou partie d’une
articulation, la synovectomie et la chirurgie
des tissus mous [1].


Traitement naturopathique

La médecine naturopathique peut aider à combler les lacunes des traitements
conventionnels et à améliorer le confort du patient. La naturopathie permet de
diminuer l’utilisation des médicaments jusqu’à la dose efficace la plus faible,
de réduire la douleur et l’inflammation et de reconstituer les carences nutritives.


Calcium et vitamine D

 Un essai contrôlé   randomisé (ECR)
 avec des enfants   atteints d’AJI, a
 permis l’étude du
 rôle du calcium
 dans le soutien   thérapeutique [4].   L’utilisation de
 stéroïdes dans la
 JIA diminue la
 densité minérale
 osseuse, réduit   l’absorption du
calcium et augmente
le risque de fracture. Par ailleurs, les enfants atteints d’AJI présentent également une faible densité minérale osseuse indépendamment de l’utilisation de stéroïdes, et environ 15-26 % souffrent de fractures avant l’âge adulte. [5] Les patients de l’ECR ont reçu 1000 mg de calcium avec 400 UI de vitamine D, ou un placebo avec 400 UI de vitamine D. Les résultats montrent que l’ajout de calcium a eu un bénéfice " significatif sur l’augmentation de la densité minérale
osseuse de l’ensemble du corps [4].


Acides gras oméga-3

Dans un autre ECR, l’administration de 2 g/jour d’acides gras oméga-3 à des enfants
atteints d’AJI pendant 12 semaines a engendré une amélioration significative sur
l’échelle d’activité de l’AJI, et une réduction des médiateurs inflammatoires, du nombre
d’articulations enflées et des besoins quotidiens en AINS. [6] Cette dernière contribua
également à diminuer les effets secondaires ressentis par le patient [6]. Les patients
peuvent également être éduqués sur la façon de consommer plus de poissons riches
en acides gras oméga-3, y compris le saumon, la truite, le maquereau, les sardines
et le thon frais. [7]


Changements alimentaires

Les patients devraient être encouragés à mener des régimes riches en fruits, légumes,
noix, graines et grains entiers, et pauvres en graisses animales et en protéines
animales. [1] Éviter les allergènes, qu’ils soient communs ou personnels, est également
bénéfique pour réduire l’inflammation systémique. [1] Les parents peuvent encourager
leurs enfants à éviter les sucres raffinés, les aliments transformés, les pains blancs, les
pâtes et les céréales, et plutôt consommer à chaque repas d’autres aliments contenant
des protéines comme les beurres de noix, le houmous et les œufs.


Physiothérapie

L’activité physique modérée devrait être incitée, ainsi que l’hydrothérapie pour diminuer l'arthralgie
et la raideur
articulaires [1]. Par exemple, l’application
de compresses
chaudes stimule la circulation sanguine, détend les muscles et atténuer les souffrances ; puis de compresses froides pour diminuer
l’enflure, la raideur et la douleur. [5] Une massothérapie effectuée par les parents de patients pendant 15 minutes par jour a entraîné une réduction immédiate des niveaux de cortisol et de l’anxiété, ainsi qu’une participation accrue des enfants aux activités physiques [5].


Réflexions finales

Une approche holistique doit être adoptée lors de l’évaluation des maladies auto-
immunes et des troubles inflammatoires afin d’obtenir un impact positif à long
terme sur la qualité de vie des patients.


 

Références

1. Mayo Clinic. Juvenile idiopathic arthritis. · https://www.mayoclinic.org/diseases-
conditions/juvenile-idiopathic-arthritis/symptoms-causes/syc20374082 · Updated
2017-12-20.
2. Medscape. Juvenile idiopathic arthritis. · https://emedicine.medscape.com/article/
1007276-overview · Updated 2016-10-06 · Accessed 2017-11-14.
3. Killeen, O. “In juvenile idiopathic arthritis, is folate supplementation effective
against methotrexate toxicity at the expense of methotrexate’s efficacy?” Archives
of Disease in Childhood. Vol. 91, No. 6 (2006): 537–538.
4. Lovell, D., et al. “A randomized controlled trial of calcium supplementation to
increase bone mineral density in children with juvenile rheumatoid arthritis.”
Arthritis & Rheumatism. Vol. 54, No. 7 (2006): 2235–2242.
5. The RACGP JIA Working Group. Clinical guideline for the diagnosis and
management of juvenile idiopathic arthritis. South Melbourne: The Royal
Australian College of General Practitioners, 2009, 39 p, ISBN 978-0-86906-
298-2. Available from http://www.ipts.org.il/_Uploads/ dbsAttachedFiles/cp119-
juvenile-arthritis.pdf · Accessed 2017-11-14.
6. Gheita, T., et al. “Omega-3 fatty acids in juvenile idiopathic arthritis: Effect on
cytokines (IL-1 and TNF-α), disease activity and response criteria.” Clinical
Rheumatology. Vol. 31, No. 2 (2011): 363–366.
7. JIA at NRAS. Diet and JIA. · http://www.jia.org.uk/diet-and-jia · Published
2015-11-05 · Accessed 2017-11-14.
 

 Dre Laura Pipher, ND

 Laura est docteure en naturopathie et pratique en
 Ontario. C’est avec passion qu’elle aide ses patients
 à vivre pleinement et à atteindre leurs objectifs avec
 une approche réaliste et durable.

 laurapipher.com