L’huile d’amande douce—Applications cliniques
Qu’est-ce que l’huile d’amande douce ?
L’huile d’amande douce est tirée de la graine — ce n’est pas une noix ! — de l’amandier, dont le nom latin est Prunus dulcis ou Prunus amygdalus [1][2]. Le fruit de l’amandier est une drupe composée d’une cosse extérieure et d’une coquille dure avec la graine (la partie comestible) à l’intérieur. C’est pourquoi les personnes allergiques aux noix ne le sont pas toujours aux amandes — bien qu’on puisse être allergique aux deux.
Les amandes comestibles sont les amandes douces. Si l’on précise « douces », c’est qu’il existe aussi des amandes amères, qui contiennent du cyanure. Les amandes amères ont certaines utilisations en médecine, mais nous nous en tiendrons ici aux amandes douces.
L’huile d’amande contient un taux élevé d’acide gras mono-insaturé (oméga-9) et d’acide linoléique (acide gras polyinsaturé oméga-6). Elle contient aussi des vitamines E et A, du zinc, et d’autres minéraux [1][2].
Pour la médecine chinoise, l’amande douce est douce (surprenant !) et neutre (c’est-à-dire ni chaude ni froide) par nature, et propre à humidifier les canaux des poumons et du gros intestin, ce qui explique qu’elle y est utilisée pour lutter contre l’asthme, la constipation, et la toux sèche.
Usages internes
Quand elle est ingérée, l’amande douce apporte des fibres et des bonnes graisses, bénéfiques pour la santé en général et pouvant aider à réduire le cholestérol et le risque de maladie coronarienne [2]. De plus, consommée avec des aliments riches en glucides, elle peut réduire les pics glycémiques qui surviennent avec ce type d’aliments. Si vous appréciez de manger quelques dattes ou une autre sucrerie au dessert, par exemple, vous réduirez l’impact glycémique de ces aliments en y ajoutant des amandes (ou d’autres noix et graines). Ce qui ne signifie pas que deux ou trois amandes suffisent à annuler les effets d’un excès de sucre, mais simplement que manger quelques amandes améliore un peu votre profil glycémique, même si la quantité totale de sucre consommée reste la même.
Dans l’organisme, l’huile d’amande douce de qualité alimentaire peut favoriser le transit intestinal, lutter contre la constipation, et réduire les symptômes du syndrome de l’intestin irritable, peut-être grâce à son effet émollient sur la muqueuse intestinale [1]. On a pu montrer qu’elle était utile contre le prolapsus rectal des enfants ainsi que contre le prurit anal (démangeaisons anales) [3].
Usages externes
En usage externe, l’huile d’amande douce a un effet apaisant et émollient. Elle a des propriétés antiinflammatoires, contient beaucoup d’antioxydants, et est classée parmi les huiles légères. Historiquement, l’huile d’amande douce a été utilisée dans les médecines ayurvédique, perse, et chinoise pour soigner les problèmes de peau et pour la cicatrisation [1]. De façon empirique, elle peut aussi réduire les cicatrices d’acné, aider à égaliser le teint, et apaiser les irritations [1]. On la trouve aujourd’hui dans de nombreuses formules de soins de la peau, depuis les produits de la grande distribution jusqu’aux cosmétiques plus « naturels ».
On la considère comme hypoallergénique, mais il y a des cas de personnes intolérantes à l’amande chez qui les applications locales d’huile d’amande douce provoquent de l’urticaire, en particulier pendant la petite enfance, quand le système immunitaire est encore en formation [4].
Comment l’utiliser en usage externe
Pour vos soins de la peau quotidiens
Huile hypoallergénique facilement absorbée par la peau sans en boucher les pores, l’huile d’amande douce lui sera bénéfique quel que soit votre âge. Elle est sans danger pour les nourrissons, et peut même être utilisée sur les peaux acnéiques. Si vous la trouvez trop grasse pour l’utiliser seule, elle est aussi efficace ajoutée à votre crème hydratante habituelle — appliquez-la après nettoyage du visage, en en mélangeant quelques gouttes à votre crème ou lotion hydratante quotidienne. Son utilisation est possible le matin comme le soir.
Des études sur le rat ont établi qu’elle aidait à protéger la peau des effets des UV-B. Un essai sur la souris a montré qu’une application préventive locale d’huile d’amande réduit les dommages structurels cutanés [5].
Contre l’exéma et/ou le psoriasis
L’huile d’amande douce contenant des vitamines A et E ainsi que du zinc, elle peut contribuer au renouvellement cellulaire cutané, c’est-à-dire à la régénération de la peau. Grâce à ces nutriments et à ses propriétés apaisantes, c’est un hydratant très efficace contre l’exéma et le psoriasis.
Une bonne façon d’utiliser l’huile d’amande douce contre ces problèmes de sécheresse cutanée est de la mélanger à du beurre de karité, de la farine d’avoine colloïdale (sauf intolérance à l’avoine), et quelques gouttes d’huile essentielle de lavande. Le beurre de karité présente un profil nutritif dense, la farine d’avoine a de très bonnes propriétés calmantes, et la lavande favorise le renouvellement cellulaire cutané et apaise la peau.
Pour les cheveux
Comme nous l’avons dit, l’huile d’amande est pleine de vitamines et de minéraux, ce qui en fait un excellent masque capillaire. Vous pouvez l’utiliser seule en massage du cuir chevelu, et attendre quelques heures avant de rincer, ou l’utiliser après la douche pour aider à préserver l’humidité. Voici une recette de masque capillaire nutritif (fréquent dans les cultures d’Asie du Sud-Est) qui peut être utilisé chaque semaine :
Recette de masque capillaire
1 cuillerée à soupe d’huile d’amande douce
1 cuillerée à soupe d’huile d’amla
Optionnel : 1 cuillerée à soupe d’huile de coco l’été, ou d’huile de moutarde l’hiver
Mélanger les huiles, faire chauffer doucement pendant deux minutes, et masser le cuir chevelu quand le mélange est encore chaud. Attendre au moins une heure avant de laver. Vous pouvez aussi le laisser toute la nuit et le laver au réveil (protégez votre oreiller avec une vieille serviette).
L’huile d’amande douce est une bonne solution si vous avez des pellicules, qui peuvent être dues à un champignon, le Malassezia furfur, puisqu’elle peut aider votre organisme à opposer une meilleure réponse immunitaire au champignon ; pourtant, l’huile de noix mélangée à des huiles essentielles pourrait être une meilleure solution [6].
Contre les maux d’oreille et le cérumen
L’huile d’amande douce peut être utilisée pour amollir le cérumen, même s’il existe de petites lésions dans l’oreille. Elle peut aussi être utilisée pour faire de l’huile d’ail contre les otites légères (consultez un médecin pour vous assurer que cela ne présente pas de risque d’infection plus sérieuse).
Autres utilisations
L’huile d’amande douce peut être utile à d’autres usages, par exemple en gommage, mélangée à du sucre, et même à de l’amande finement moulue ; pour la cicatrisation, mélangée avec de l’huile essentielle d’encens et de l’huile de ricin ; et pour divers produits de soins de la peau, tels qu’en lotion pour le corps et en sérum capillaire.
En conclusion
L’huile d’amande douce, riche en nutriments, peut être utilisée en soins internes ou externes pour répondre à des besoins très divers. En usage interne, il est préférable de se procurer de l’huile de qualité alimentaire. Pour l’usage externe, elle peut traiter de nombreuses affections dues à la sécheresse cutanée, et se combiner avec beaucoup d’huiles végétales.
Références :
- Ahmad, Z. « The uses and properties of almond oil. » Complementary Therapies in Clinical Practice. Vol. 16, N° 1 (2010): 10–12.
- Josse, A.R., et autres. « Almonds and postprandial glycemia—A dose-response study. » Metabolism. Vol. 56, N° 3 (2007): 400–404.
- Shafik, A. « A new concept of the anatomy of the anal sphincter mechanism and the physiology of defecation. XXIII. An injection technique for the treatment of idiopathic pruritus ani. » International Surgery. Vol. 75, N° 1 (1990): 43–46.
- Guillet, G., et M.H. Guillet. « Percutaneous sensitization to almond oil in infancy and study of ointments in 27 children with food allergy. » Allergie et Immunologie. Vol. 32, N° 8 (2000): 309–311.
- Sultana, Y., et autres. « Effect of pre-treatment of almond oil on ultraviolet B–induced cutaneous photoaging in mice. » Journal of Cosmetic Dermatology. Vol. 6, N° 1 (2007): 14–19.
- Rezaee, M.A., et autres. « Natural oils enhance IL-10 and IFN-γ production by human PBMCs cultured with Malassezia furfur. » Iranian Journal of Immunology. Vol. 9, N° 2 (2012): 109–119.