Aromathérapie — Toute la puissance de la nature dans quelques gouttes
Ce ne sont plus les réunions Tupperware qui sont à la mode parmi la gent féminine, mais plutôt les séances aroma où s’échangent méthodes et mélanges en tous genres d’huiles essentielles (HE) pour la santé ou les tâches ménagères de nos maisonnées. L’engouement pour ces remèdes naturels aux puissantes propriétés est exponentiel, mais comme pour toute médecine, la précaution reste de mise.
Les HE sont en effet à la phytothérapie ce que l’antibiothérapie peut être aux médicaments antiinfectieux, c’est-à-dire de véritables bombes chimiques, mais à cette différence près que les HE, au-delà du fait de ne présenter que peu d’effets secondaires, ne sont pas affectées par la résistance qu’ont maintenant développée les germes et qui fait craindre par l’OMS la fin proche de l’antibiothérapie.
Les plantes aromatiques ont fait leurs preuves depuis 40 000 ans : à preuve, les feux thérapeutiques d’eucalyptus et d’arbre à thé aborigènes au kyphi égyptien purifiant fait d’encens, de cèdre du Liban, de nard, ou de myrrhe ; les paléoalambics chinois et indiens datant de 5000 AÈC ; la toute première distillation connue, par le prince perse Ibn Sina en 1000 AÈC, de la rose de Damas ; ou encore le vinaigre des quatre voleurs incluant girofle, cannelle, menthe, et lavande, et qui protégea certains de la peste au Moyen Âge et à l’époque moderne.
L’aromathérapie, baptisée ainsi par le chimiste lyonnais Gattefossé en 1928, peut se targuer aujourd’hui du statut d’EBM (evidence-based medicine), car des molécules actives il y en a, et des études, il y en a tout autant ! L’aromathérapie scientifique, basée sur les propriétés de seize familles biochimiques, permet d’apporter un soin spécifique, préventif, complémentaire, et curatif à un large panel de pathologies. Par exemple, les phénols aromatiques (origan, thym, cannelle, girofle, et sarriette) sont des toniques et de puissants antiinfectieux à large spectre ; les coumarines (bergamotier et citronnier) sont sédatives nerveuses, anticoagulantes, et hépatostimulantes ; les oxydes terpéniques (eucalyptus, ravintsara, laurier, et myrte) sont antiviraux, mucolytiques, et immunomodulateurs ; etc. Toutefois, les propriétés des HE (comme celles des plantes en phytothérapie) ne se limitent pas à la seule famille biochimique majoritaire ; elles sont le résultat d’une synergie moléculaire qui confère à l’HE son efficacité et ses effets multiples, d’où notamment son potentiel antiinfectieux, contrairement aux effets parfois aléatoires d’un composé brut pouvant être synthétisé par l’industrie pharmaceutique.
Les HE, extraits aromatiques de plantes soumises à la distillation par entrainement à vapeur d’eau, possèdent une densité moléculaire telle qu’elles se situent au plus haut niveau d’activité pharmacologique. Il convient donc de redoubler de vigilance lors de leur emploi, car elles peuvent, si mal utilisées, causer une certaine toxicité. En conséquent, respectez cette règle d’or : ne jamais improviser ! Nourrissons, femmes enceintes et allaitantes, ainsi que personnes neurologiquement affectées doivent faire l’objet d’une attention particulière et éviteront systématiquement les HE à cétones et oxydes terpéniques (Eucalyptus globulus, menthol, romarin à cinéol, etc.). Cela dit, avec la garantie que les précautions d’usage sont respectées, ces quintessences végétales vous seront de grand secours lors d’accidents ou d’affections aigües qui nécessitent la « puissance atomique de la phytothérapie », dixit docteur Jean Valnet, père franc-comtois de la phytoaromathérapie
L’usage thérapeutique des HE peut se réaliser par diverses voies : atmosphérique par diffusion, cutanée, buccale et sublinguale, rectale, vaginale, auriculaire, ou encore olfactive et respiratoire (seuls les yeux sont à proscrire systématiquement, car leur muqueuse ne tolère aucune HE). Le ratio classique d’application se situe à une goutte d’HE pour deux gouttes d’huile végétale (jusqu’à cinq gouttes d’huile végétale pour certaines HE).
À la maison, de l’HE de citron ou de pamplemousse ajoutée à du vinaigre blanc et de l’eau donnera une solution nettoyante et désinfectante multiusages ; quelques gouttes d’HE de lavande sur l’oreiller aidera votre sommeil ; de l’HE de clou de girofle badigeonnée sur vos dents sera salvatrice de vos abcès et douleurs buccodentaires ; et quelques gouttes de menthe poivrée sur la nuque et les tempes feront tomber immédiatement un mal de tête. Autre exemple analgésique : associez la menthe poivrée à l’eucalyptus citronné pour soigner une tendinite. Enfin, un peu d’HE de géranium rosat ravira vos sens ainsi que votre peau grâce à ses effets antiinfectieux, décongestionnant, tonique, et astringent. Dernier exemple d’usage, en cuisine : quelques gouttes d’HE de gingembre dans votre recette de biscuits feront éclater leur saveur. Les HE et leurs applications sont légion, alors explorez ces remèdes fantastiques, mais expérimentez-les avec les plus grandes précautions. Aussi, pour vous assurer de leur qualité, choisissez des huiles essentielles 100 % pures et naturelles, indiquant les principes actifs (chémotypes) et l’origine géographique des plantes.
Voici une formule d’huiles essentielles réconfortantes et réchauffantes pour passer un hiver apaisé ! Dans un diffuseur, mélangez 10 gouttes d’HE d’orange, 10 gouttes d’HE de lavande, et 5 gouttes d’HE de romarin, et relaxez !
Guillaume Landry, MSc, Naturopathe
Sa plume a pour dessein la sensibilisation aux merveilles
de dame nature, et à la médecine naturelle.