Qu’est-ce que la fatigue surrénalienne ? Évaluations et soutiens naturopathiques
De nos jours, il est plutôt rare de rencontrer quelqu’un qui n’est pas concerné par la fatigue ou le stress. L’insuffisance surrénalienne est un diagnostic courant en naturopathie et en médecine alternative, mais peu de praticiens analysent en détail son étendue afin de déterminer la bonne plante pour la bonne personne.
En regardant de plus près l’anatomie des glandes surrénales, nous apprenons qu’elles sont composées d’un cortex et d’une médullaire qui produisent un ensemble d’hormones. Le cortex, ou couche externe libère de l’aldostérone (importante pour réguler l’équilibre acido-basique), du cortisol (principale hormone du stress) et une certaine quantité d’hormones androgènes DHEA et de testostérone. La médullaire interne libère des catécholamines comme l’adrénaline et la noradrénaline, hormones du « combat ou de la fuite ». [1]
Alors, qu’est-ce que la fatigue surrénalienne ? Selon les endocrinologues, elle se compose de 4 phases qui chacune se caractérisent par un profil hormonal, mesurable dans le sang.
Le premier stade est la « Phase initiale d’alarme », où le corps est confronté à un agent stressant immédiat et à court terme, comme un entretien d’embauche ou un examen important. À ce stade, le corps est tout à fait capable de créer les hormones nécessaires en quantités suffisantes pour répondre aux stimuli. On peut alors remarquer une vigilance accrue, et peut-être une légère augmentation du pouls. Si les concentrations sanguines étaient mesurées, l’adrénaline, la noradrénaline, le cortisol et l’insuline seraient légèrement plus élevés. Ce stade semble plutôt bénin, et dans le monde du travail en Amérique du Nord, on le vit fréquemment au quotidien. [2]
Le deuxième stade est la « Phase d’alarme continuelle », où l’agent stressant reste présent pendant une durée plus longue, ce qui induit une libération des hormones de stress prolongée. À ce stade, l’analyse de sang indiquerait probablement un niveau plus élevé de cortisol, mais une baisse de DHEA et de testostérone. Toutes les ressources sont ici mobilisées pour produire du cortisol, et réduire la production d’hormones sexuelles alors moins prioritaire. On peut remarquer dans ces moments un regain de concentration et de vigilance pendant la journée ; mais dès que le travail ou la tâche difficile est accompli, on est confronté à une grande lassitude pour le reste de la journée ; parfois on peut à peine fonctionner. À ce stade, une personne est souvent « fatiguée, mais tendue » et bataille pour terminer sa journée, ou prend des boissons énergétiques pour résister.
Le troisième stade de fatigue surrénalienne est la « Phase de Résistance ». Il peut durer plusieurs mois, voire des années. À ce stade, la demande du corps en hormones de stress est encore plus grande et continue. Le corps concentre tous ses efforts à dériver des ressources d’autres régions du corps, de moindre importance, afin de produire du cortisol. Le changement le plus notable au niveau de l’analyse de sang, est la baisse de DHEA, de testostérone, et même de progestérone, entraînant par exemple des modifications de cycle menstruel et une baisse de libido. La fatigue est présente du matin au soir et de nouveaux symptômes apparaissent, comme une baisse d’enthousiasme, de motivation et d’humeur. À ce stade, les professionnel (le) s de la santé constatent souvent un état grippal/enrhumé léger, mais constant, et éventuellement associé à des ganglions lymphatiques enflés autour du cou, ainsi qu’à une baisse de température corporelle.
Le quatrième et dernier stade de fatigue surrénalienne est nommé « Phase d’Épuisement ». On emploie souvent ce terme à tort quand on parle d’étudiants passant des examens, de personnes en cours de divorce ou de parents ayant de jeunes enfants ; car l’analyse de sang à ce stade montrera un tout autre niveau d’épuisement. Les hormones produites par les glandes surrénales — cortisol, adrénaline, testostérone, DHEA et aldostérone seront toutes produites en très faible quantité. À ce stade, le corps est à court de ressources et ne peut plus répondre aux demandes ; son système a commencé à s’effondrer. Une personne à ce niveau d’épuisement va souvent être sévèrement affectée par la dépression, l’anxiété, l’irritabilité, la perte de poids, l’apathie, l’absence de libido, un sommeil de mauvaise qualité et des infections fréquentes. Son état apathique la rend presque non fonctionnelle. Il va sans dire qu’à ce stade les signes d’épuisement sont particulièrement évidents, pourtant certaines personnes restent dans le déni, ont du mal à prendre de la distance par rapport à leurs vies quotidiennes pour récupérer, ou sont simplement ignorantes de la gravite de leur état. Comme pour toutes les affections chroniques, la phase d’épuisement ne se soigne pas du jour au lendemain. Le traitement peut durer des mois et comprend des changements permanents du mode de vie pour pouvoir récupérer complètement.
Alors, quel est le meilleur traitement pour quelqu’un souffrant de fatigue ou d’insuffisance surrénalienne ?
Un plan de traitement visant les surrénales varie en fonction de nombreux facteurs : le degré de fatigue, l’alimentation, l’exercice, le sommeil et l’intensité des agents stressants. Dans l’idéal, toute évaluation commence par une analyse détaillée de ces facteurs, et par une analyse de sang. Cette dernière comprend une évaluation complète de la thyroïde, des facteurs inflammatoires (VS, CRP), du fer, de l’hémoglobine glyquée (HbA1C), de l’insuline à jeun, et des fonctions hépatiques et rénales. Le cortisol salivaire devrait aussi être pris en compte. Il est mesuré grâce à une prise d’échantillon en quatre étapes (au réveil, 30 minutes après, en début d’après-midi et au coucher) ou en une seule, afin de surveiller les fluctuations du cortisol au cours de la journée et de voir s’il correspond au niveau d’énergie. [3]
Les examens physiques pour les glandes surrénales ne sont jamais totalement objectifs, toutefois des évaluations du réflexe pupillaire, de la conjonctive, de la thyroïde, des cheveux, de la peau et des ongles, devraient être effectuées. Comme le cortisol joue un rôle important dans la gestion du poids et dans la régulation de la glycémie et des fringales, on peut mesurer au fil du temps le rapport taille-hanches ainsi que le poids global dans le but d’évaluer les progrès.
Une fois le diagnostic d’insuffisance surrénalienne confirmé, un certain nombre de traitements peuvent être implémentés avant même d’envisager une supplémentation. Tout d’abord au niveau alimentaire, tous les repas devraient contenir des aliments complets et les sucres raffinés doivent être strictement écartés, tout autant que les boissons énergétiques et la caféine — car ils stressent le système immunitaire et sollicitent grandement les glandes surrénales. L’alcool, en tant que neurodépresseur, contribuera aussi à l’épuisement de certains nutriments et à l’inflammation gastro-intestinale, sans compenser par un apport énergétique. Si le/la patient(e) possède des antécédents de sensibilités alimentaires, il est conseillé d’éviter les aliments concernés et de simplifier l’alimentation autant que possible.
Beaucoup de patient(e)s n’auront pas assez d’énergie pour continuer à faire de l’exercice ; or c’est un élément important lorsqu’on veut redonner de bonnes habitudes au corps et assurer son bon équilibre, si toutefois le sport est pratiqué correctement. L’exercice devrait en effet durer moins de 45 minutes et inclure une activité cardio-vasculaire de faible intensité, sur un tapis de course ou un vélo elliptique, par exemple. L’entraînement contre résistance peut être inclus avec des poids légers et plus de répétitions. Le/la patient(e) devrait aussi tenir un journal de sommeil, ou utiliser un appareil de suivi du sommeil, comme FitBit ou une application de smartphone, afin de surveiller l’agitation pendant la nuit. Pour les agents stressants difficiles à éviter, la consultation d’un psychologue pourrait aussi faire partie du plan de gestion du stress.
Compléments alimentaires éventuels
La santé du système digestif doit faire partie du traitement de première intention pour tout problème de santé, surtout en cas de fatigue surrénalienne. Veiller à la régularité des habitudes digestives et surveiller les signes d’indigestion permet de s’assurer que les nutriments sont bien digérés et absorbés. Cela augmente le potentiel des patient(e)s à voir des changements énergétiques notables se produire rapidement. Ce traitement peut inclure des enzymes digestives, des probiotiques, du magnésium ou d’autres soutiens gastro-intestinaux jugés adéquats par le (la) professionnel (le) des soins de santé.
Les plantes adaptogènes peuvent faire baisser les concentrations de cortisol et aider le corps à s’adapter au stress. Elles sont particulièrement efficaces pour moduler les niveaux d’énergie, favoriser le sommeil, améliorer l’humeur et prévenir la maladie, d’autant plus si la bonne plante est choisie pour la bonne personne. Il existe un certain nombre de formules pour le soutien des glandes surrénales, mais elles ne fonctionnent pas forcément pour tout le monde, et peuvent même susciter anxiété et nervosité chez certaines personnes. Voici quelques plantes de soutien des glandes surrénales parmi les plus courantes :
- Withania : Son nom commun est l’Ashwagandha ; c’est une plante indienne bénéfique pour la santé de la thyroïde et des surrénales. La Withania est efficace à chaque stade de la fatigue surrénalienne, mais ses effets sont meilleurs aux deuxième et troisième stades. Elle augmente la concentration, calme l’esprit et renforce le système immunitaire en quelques jours. [4]
- Rhodiolia : Cette plante est très bénéfique aux troisième et quatrième stades de la fatigue surrénalienne, grâce à ses effets bénéfiques sur l’humeur, l’enthousiasme et la motivation. Il est préférable de prendre cette plante en début de journée et elle est plus efficace quand elle est associée au millepertuis et au Panax ginseng.
- Eleutherococcus : Aussi connue comme le ginseng sibérien, elle fait souvent partie des formules combinées pour les glandes surrénales. Elle est utile aux troisième et quatrième stades de la fatigue surrénale, car elle renforce le système immunitaire et réduit la fréquence des infections. Elle a un effet moindre sur la santé mentale/émotionnelle, mais l’Éleuthérocoque peut être utilisée avec d’autres plantes, notamment sous forme d’infusion.
- Réglisse : Du nom scientifique Glycyrrhiza, cette plante est souvent ajoutée aux mélanges liquides de plantes pour aussi en améliorer le goût. La réglisse a un impact immense sur la santé des surrénales, mais elle a souvent mauvaise publicité, car elle peut augmenter la tension artérielle et surexciter aux derniers stades de la fatigue surrénalienne. Pour augmenter son efficacité, utilisez-la avec d’autres plantes et surveillez votre tension et vos niveaux de cortisol.
Mises à part ces plantes spécifiques, des compléments bénéfiques pour la santé et l’énergie en général peuvent être pris à court terme, comme les vitamines B, la vitamine D, le zinc, le magnésium, le fer et la vitamine C. Pour obtenir la meilleure combinaison de plantes et de vitamines correspondant à votre profil surrénalien spécifique, veuillez consulter votre docteur(e) en naturopathie et prenez le chemin de la guérison !
Références
- Society for Endocrinology. “Adrenal glands.” You and your hormones · http://www.yourhormones.info/glands/adrenal-glands/ · Updated 2018- 01.
- Hansen, F. “The four stages of adrenal fatigue.” The Adrenal Fatigue Solution · https://adrenalfatiguesolution.com/stages-of-adrenal-fatigue/ · Updated 2018.
- Prousky, J. “Adrenal fatigue.” In Textbook of integrative clinical nutrition, 88–90. Toronto: CCNM Press, 2012.
- Chandrasekhar, K., et al. « A prospective, randomized double-blind, placebo-controlled study of safety and efficacy of a high-concentration full-spectrum extract of ashwagandha root in reducing stress and anxiety in adults. » Indian Journal of Psychological Medicine, Vol. 34, No. 3 (2012): 255–262.